Le Festival de Cannes: où sont les femmes?

Melanie Laurent Crédits:.melanie Flikr: cc

On ne parle que d’elle: Mélanie Laurent est la nouvelle maîtresse de cérémonie. A 26 ans,  c’est un immense honneur de la profession. C’est aussi un grand classique. Depuis sa création en1993, ce rôle est majoritairement réservé à des jeunes premières, souvent françaises, (Virgine Ledoyen) ou à des actrices plus « confirmées »,  françaises aussi ou françaises « d’adoption » (cf Diane Kruger, Kristin Scott Thomas, Cécile de France). Mais au-delà de cet « honneur », Cannes aime-t-elle les femmes? Ou plutôt le Festival reconnaît-il leur talent, leur travail, ou leur jugement? Quelles sont les femmes qui ont marqué le Festival de Cannes? Nous ne parlons pas des actrices qui ont remporté le prix d’interprétation féminine, mais des présidentes du jury, des jurés, des Palmes d’Or. Combien sont-elles? Qui sont-elles? Après les avoir toutes répertoriées, le palmarès est très loin de la parité…

Neuf, elles ne sont que neuf sur 64 éditions à avoir présidé le jury ( Jeanne Moreau a présidé deux fois le jury. Le nombre d’éditions présidées par une femme s’élève donc à 10). Il faut attendre 18 éditions pour que l’actrice américaine Olivia de Havilland soit, en 1965, présidente du jury du Festival de Cannes. Elle est suivie en 1966 par l’ actrice Sofia Loren, par Michèle Morgan en 1971, puis Ingrid Bergman en 1973, Jeanne Moreau en 1975 et en 1995,  Françoise Sagan en 1979, Isabelle Adjani en 1997, Liv Ullman, réalisatrice et actrice, en 2001, et  Isabelle Huppert en 2009. Jeanne Moreau est peut-être la « préférée » du Festival. En effet, elle fut deux fois présidente du jury en 1975 et en 1995. [C’est moins que Georges Huisman, président à trois reprises, et autant que Jean Cocteau, Marcel Achard et André Maurois]. Elle reçoit également le prix d’interprétation en 1960 et est maîtresse de cérémonie en 1993, en 1994 et en 1997.

A part ces dernières, les femmes jurés du Festival se font rares. Elles sont au maximum trois par jury jusque dans les années 80. (Les jurys sont composés d’une quinzaine de personnes  jusque dans les années 70. Ensuite, ils passent à 10 en moyenne.) Elles sont quatre en 1990, puis de nouveau quatre en 1995. Cette période est même marquée par une certaine parité. En 1998,  en1999, en 2000 et en 2001, le jury est composé de cinq femmes et de cinq hommes! Et c’est sous la présidence du jury d’Isabelle Huppert que les femmes seront, pour la première fois, majoritaires, c’est à dire cinq contre quatre. Sur près de 600 jurés hommes, on compte un peu plus de 130 femmes.

Cependant, une place est occupée presque uniquement par des femmes. Il s’agit du  fameux rôle de maîtresse de cérémonie, qu’on propose aux jeunes premières comme Melanie Laurent, Cécile de France, Virginie Ledoyen ou aux actrices préférées et confirmées comme’Isabelle Huppert, Charlotte Rampling, Sabine Azema, Carole Bouquet ou encore Kristin Scott Thomas. Sur 18 éditions, 15 seront présentées par des femmes. Seuls deux hommes partageront cet « honneur »:  Vincent Cassel en 2003 et Edouard Baer à deux reprises, en 2008 et 2009.

Peut-être que cette situation, où les femmes sont minoritaires, a une incidence sur le choix des heureux lauréats. Sans parler de « quota », Jane Campion en 1993 est  la seule femme à avoir reçu la Palme d’or pour La leçon de piano. Le jury du 64e festival, dirigé par Robert De Niro, donnera peut-être la Palme pour la deuxième fois de son histoire à une autre réalisatrice…

Charlotte Lazimi