Le livre est sorti début septembre et a immédiatement provoqué un débat aux Etats-Unis. Intitulé The end of men and the rise of women, l’auteur Hanna Rosin défend la thèse que le monde est en train de changer, laissant aux femmes plus de place et plus de pouvoir. On aimerait y croire. Surtout que cette année, les femmes semblent être devenues à la mode. Elles sont partout. A la télévision avec la nouvelle émission de Laurence Ferrari, exclusivement féminine, sur le modèle américain de The View, dans les séries télés (surtout américaines où elles occupent le haut de l’affiche) et en politique, au coeur de la bataille à l’UMP Copé-Fillon. On pourrait presque s’en réjouir.
Deux soucis pourtant, et de taille. Le premier concerne l’émission de Laurence Ferrari. Pas sur le fond, mais sur la campagne de publicité qui annonce le lancement de la chaîne D8. Le principe est simple et original. Les stars de la chaîne ainsi que des personnages de fiction s’engagent à jouer leur rôle. Mais sur l’affiche, elle déclare: « Moi je jure de ne pas respecter la parité, de montrer qu’une femme sait mieux que personne recevoir les invités, cuisiner les personnalités et faire le ménage dans leur actualité ». Une métaphore qui tourne donc autour du champ lexical de la parfaite femme d’intérieur, là pour cuisiner, faire le ménage et recevoir des invités. On a connu plus inspiré et moins cliché.
Côté politique, ce n’est pas mieux. Dans l’affrontement qui oppose François Fillon et Jean-François Copé, les femmes sont un argument de campagne. Les deux hommes seraient même presque des nouveaux féministes convaincus. C’est original surtout pour un parti qui a déboursé quelques millions d’euros pour non respect de la parité aux dernières législatives, il y a seulement trois mois. On se souvient notamment de Jean-François Copé expliquant qu’il était « coupable avec regret ». L’UMP n’a pas présenté 50% mais 25% de femmes lors des élections législatives, dont peu étaient à des postes éligibles. De quoi rendre furieuses les femmes du parti. Cet été aussi, des députés, notamment UMP, s’étaient illustrés par leur élégance en affichant un sexisme décomplexé notamment lors de l’incident de la robe de Cécile Duflot, sifflée à l’Assemblée nationale à cause de sa tenue.
Aujourd’hui, tout est oublié et chacun se revendique en faveur de la parité. Et les femmes politiques du parti s’expriment dans deux tribunes. D’un côté Valérie Pécresse, Chantal Jouanno, Marie-Luce Penchard et Nora Berra soutiennent François Fillon. Elles estiment que l’UMP ne fait pas assez de places aux femmes. Une situation « intellectuellement inacceptable et politiquement néfaste », écrivent-elles. De l’autre, 64 élues de droite comme Rachida Dati, Nadine Morano, Brigitte Kuster, Valérie Rosso-Debord prennent position pour Jean-François Copé. Leur argument: il aurait promu plus de femmes dans les instances dirigeantes du parti. Et comme député, il aurait défendu la règle des 40% de femmes dans les conseils d’administration des entreprises. Comment ne pas voir une instrumentalisation des femmes, une stratégie politique un peu ratée qui semble surfer sur le thème du moment ? Pour prouver leur bonne foi, les deux candidats à la présidence de l’UMP pourraient par exemple prendre de VRAIS engagements. Ce serait peut-être plus crédible. Quant aux femmes politiques, espérons que l’analyse d’Hanna Rosin soit la bonne et que le temps des femmes soit réellement arrivé. Et pourquoi pas en prenant le pouvoir et en briguant aussi la présidence de l’UMP? Soutenir, c’est bien, agir c’est mieux, n’est-ce pas?
Charlotte Lazimi
Effectivement la pub pour l’émission de Laurence Ferrari est vraiment peu inspirée et assez révoltante… Voir également ce post sur ce sujet http://cocottemoreau.wordpress.com/2012/09/28/ferrari-mal-carossee/