« Où sont passés les hommes? » Le Figaro Magazine en plein délire sexiste

7 Août
D.R.

D.R.

« Où sont passés les hommes ? », ce dossier du Figaro Magazine paru le week end du 19 juillet dernier valait le détour. C’est en tombant dessus,  par hasard pendant les vacances, qu’une idée de post s’est imposée.  En effet, il est rare qu’un article réunisse tous les préjugés sexistes que l’on tente de déconstruire sur ce blog. La journaliste annonce d’emblée dans l’intro : « Le combat mené  en ce moment ‘contre le patriarcat’, notamment via la théorie du genre et le mariage pour tous accélère son effacement. L’identité masculine est en plein chambardement« . Petit florilège et décryptage des remarques sexistes qui jalonnent le papier.

« Qu’arrive-t-il aux hommes ? Où sont passés ces mâles dominants qui régnaient en maîtres sur nos sociétés occidentales ? » C’est ainsi que débute l’article. Le postulat est simpliste et réducteur. Les hommes dominants auraient perdu de leur superbe et de leur pouvoir. Comble, ce serait une catastrophe pour l’humanité. D’abord, si les hommes ont exercé et exercent encore une domination, elle n’a jamais été totale. Ensuite, pourquoi cette nostalgie vers des temps immémoriaux ? Surtout pourquoi ce regret pour une histoire profondément inégalitaire, qui n’a même jamais existé ?

« En France, les signes de féminisation croissante de la société ne manquent pas non plus. On a vu des hommes tout ce printemps métamorphosés en maman par la grâce « du mariage pour tous« , revendiquant fièrement à longueur de reportages leur capacité à biberonner et à changer les couches. » La confusion est classique. On préfère parler de féminisation de la société, plutôt que d’avancées du féminisme qui lutte pour l’égalité entre hommes et femmes. Ici, la « féminisation » est évidemment péjorative. Bien sûr dans un article qui parle des femmes, on se doit d’évoquer les places occupées par chacun d’entre nous dans la société, et donc du mariage pour tous – qui bouleverserait cet ordre « naturel » selon ses détracteurs. Mais depuis quand donner le biberon serait une tâche exclusivement féminine? Un biberon donné par un homme n’aurait pas les mêmes valeurs nutritives ? Idem pour changer les couches ? Ce genre de postulat n’a qu’une ambition: renvoyer les femmes à la maison et mettre les homosexuels au ban de la société.

« L’an dernier, le ministère du Droit des femmes a envoyé tout le gouvernement en stage de rééducation féministe – pardon en séminaire de ‘sensibilisation aux stéréotypes sexistes’« . Pour le Figaro magazine, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Si les femmes subissent remarques sexistes, agressions, viols, violences conjugales, si elles gagnent à compétences égales environ 20% de moins que leurs collègues masculins, c’est que tout va bien. Toute entreprise pour tenter d’enrayer ces inégalités serait regrettable, semble-t-il nous dire…

« L’explosion des divorces et le quasi-monopole de fait des femmes dans l’enseignement  primaire ont totalement bouleversé l’éducation des garçons« . Cette remarque a le mérite d’être originale: les petits garçons seraient les victimes d’enseignantes prêtes à briser dès l’enfance leur virilité. Ridicule. On conseille à la journaliste de relire avec attention l’encyclopédie sur la virilité, qui s’est avérée changeante au cours des siècles. Ce constat est étonnant surtout lorsqu’on sait que la plupart de stéréotypes sont enseignés à l’école par hommes et femmes, avec des idées telle que « les garçons sont meilleurs en calcul et les filles en lettres ».

Dans le magazine, « l’Homme » est incarné par Alain Delon qui regrette la fin des différences entre hommes et femmes. Le féminisme y est caricaturé et Eric Zemmour, qui y fait une chronique hebdomadaire, a bien sûr droit à son interview. Pour le journal, les femmes restent des hystériques agressives, qui écrasent les petits garçons sous prétexte d’égalité et les hommes sont les ombres de ce qu’ils étaient. Ce qui  peut paraître étonnant, c’est que ce dossier est écrit par des femmes. Mais on oublie souvent que ces dernières véhiculent aussi du sexisme. A force de se demander où sont les hommes, on oublie toutes les inégalités que subissent les femmes. C’est une façon habile d’ignorer les injustices. Comment résoudre un problème qu’on refuse de voir ?

Charlotte Lazimi

7 Réponses to “« Où sont passés les hommes? » Le Figaro Magazine en plein délire sexiste”

  1. chocoyita août 7, 2013 à 11:49 #

    Je suis sidérée…En même temps de la part du Figaro plus rien ne m’étonne.

    • Laurence août 7, 2013 à 12:40 #

      Le Figaro n’est pas une référence, qu’on se le dise. Il a eu le temps de pourrir avec son lot de prétextes à cancans pour s’auto-satisfaire. Satisfaire les demandes d’un public? Qui, à l’heure actuelle, pourrait gober de tels propos dans cet article? Ce public, c’est lui-même; le figaro (Avec un petit f).

  2. Choubaka août 7, 2013 à 12:17 #

    Ce sont toujours les femmes qui pérpétutuent les traditions, vu que ce sont en général elles qui s’occupent de l’éducation. C’est en ouvrant les yeux aux femmes que l’on pourra enfin commencer le vrai changement dans les mentalités

  3. renee savary août 7, 2013 à 7:02 #

    Exellent article, dévier le probleme, occuper le terrain, mentir tout l’arsenal quoi., il faut lire «  » Les femmes de droite «  » de Andréa dworkin «  » relais capitale du patriarcat. ‘ les femmes « de droites  » donc .Le féminisme est un Humanisme en fait on se bat pour avoir une chance de rester sur terre c ma sensation le combat des femmes est multiple sur toute les latitudes aucune ne viendra nous dire comment penser, la loi le dogme, de comment kai sont les choses il faut trouver ce qui nous relie aux autres à travers nos différences, divergences….Bon j’ai un peu dévier, mais cet article, ce travail donc est formidable .Merci Charlotte Lazimi.
    PS / Quant on voit Delon, sa tronche de cake, Zémour qui veut pas quon reste sur terre ( faut suivre …) et bah oui le Figaro c pas jojo.

  4. gentlemanw août 7, 2013 à 11:00 #

    Je suis offusqué de voir, de lire des mots pareils de la part d’un journal, dans un documentaire si caricatural de la France d’avant De Gaulle. Mais où va-t-on avec de tels amalgames, où effectivement on pense aux hommes mais pas aux femmes.

    Qu’ont-ils perdus (qu’ai perdu pourrais-je dire ?) rien, si ce n’est des différences et des écarts (comme celui du salaire, du temps passé pour gérer la famille et la maison) qui bougent trop peu. Cet héritage machisme me dégoûte, et le comble est de le défendre encore sans faire de progrès vers les femmes.

    Et cerise sur le gâteau avarié, le portrait d’Alain Delon, l’homme qui est resté coincé dans des préjugés de 1950, « avant Romy » et ses femmes (oui tout lui appartient comme tout homme de néanderthal. Un primaire, pas un homme, un vieil homme usé et qui n’a rien appris.

    Votre blog reste une perle rare !

  5. Le Glandeur août 9, 2013 à 12:56 #

    C’est Zemmour le rédac en chef de ce numéro ou quoi ???
    Le Figaro était déjà bien bas dans mon estime, mais il creuse encore…
    C’est terrible qu’un journal à grand tirage comme celui-ci puisse publier des horreurs réactionnaires pareilles.

  6. Un AVIS : Petit blog avisé?? août 21, 2013 à 10:27 #

    Au début je pouvais encore croire 😉 à de l’humour au… 4° degré de la part de « LA » journaliste du Figaro (je ne lis pas, jamais, le Figaro,mais désolée je suis bonne fille…) mais, si Môssieur Z… y était interviewé….. on redescend au 36° dessous de l’humour!

    C’est vrai que certains « hommes » semblent un peu perdus…tu parles 2000 ans de suprématie, le sevrage est dur ! 😉

    De plus je suis tout à fait en accord avec ce que dis @Choubaka, je l’avais d’ailleurs écrit en son temps par là : http://wp.me/p1fFRW-4A Je réitère … Et La Madâme qui se questionne dans le Figaro doit faire partie de cette catégorie qui dit ce genre de chose : « Oh comme c’est gentil ton petit garçon débarrasse la table! »……. Grrrrr!

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