L’affaire Helena Costa, symptomatique du sexisme dans le football

25 Juin
© © Helana Costa / Facebook

© © Helana Costa / Facebook

On l’avait annoncé en grande pompe : Helena Costa, 35 ans, devait être la première femme à diriger une équipe de football professionnelle masculine. Une première dans un milieu où la place des femmes n’est pas évidente. En effet dans le sport, les femmes ne sont pas nombreuses aux postes de coaches même lorsqu’il s’agit d’entraîner des équipes féminines. Helena Costa avait donc connu un tourbillon médiatique avec des interviews  pour les chaînes de télé françaises, des articles dans le New York Times et le Guardian… Pourtant, son récent départ est révélateur d’un problème dans le sport masculin français.

D’abord, les tweets sexistes à l’égard d’Helena Costa se sont multipliés sur Twitter. Des tweets qui ne volent pas haut entre les références à ses règles, son envie irrépressible de faire les soldes… Ensuite, la stratégie du Club a aussi posé problème. Lors de l’annonce de sa défection, le président du club s’est dit « surpris » devant une décision incompréhensible, comme si Helena Costa avait juste fait un caprice, et n’avait pas supporté le challenge. Une image déplorable pour une coach jusqu’ici exemplaire. Mais il a omis de nous expliquer les raisons de son départ, quelques jours avant le premier entraînement. Peut-être parce que ces dernières ne sont pas glorieuses. Le club aurait choisi une femme pour entraîner son équipe seulement pour faire le buzz dans les médias, sans la considérer. D’après Helena Costa, les dirigeants du club lui ont « manqué de respect » et ont « fait preuve d’amateurisme », en la traitant comme si elle n’était pas vraiment l’entraîneure. Elle a en effet appris la nomination de nouveaux joueurs via le secrétariat… Et le directeur sportif ne répondait apparemment jamais à ses emails. Pourtant, chez les Martiennes, nous étions plutôt heureuses de cette arrivée. Une femme pour entraîner des hommes, cela semblait presque révolutionnaire dans le football. Rappelons que les joueurs, interviewés dans l‘Equipe, l’avaient plutôt bien accueillie. Le public semblait aussi prêt à cette nomination. Surtout, parce que même si elle était attendue au tournant, cette nomination était un signal fort et un indice que nous étions sur le chemin du progrès.

Pourquoi cet épisode nous inquiète donc ? Car c’est tout le contraire qui s’est produit. La fausse arrivée d’Helena Costa montre notamment toute l’impréparation de clubs sportifs masculins à accueillir des femmes. En pleine Coupe du monde, cette situation est extrêmement dommageable. Au moment où l’on célèbre le football à travers la planète et notamment l’équipe de France, ce contre-exemple est assez déconcertant. Et il  fait écho à un autre centre d’intérêt des médias, qui semblent désormais focalisés non plus sur l’équipe de France exemplaire, mais sur leurs épouses et compagnes capricieuses, qui exigeraient pour certaines de résider dans un hôtel cinq étoiles. Le même genre de stéréotypes que ceux usés pour Helena Costa. Le sous-entendu est clair, les femmes seraient futiles et inconstantes. Heureusement, cette berezina intervient peu après la nomination d’une autre femme coach: Amélie Mauresmo, devenue la coach d’Andy Murray. Un choix qui a surpris, mais qui montre l’avancée des mentalités dans le tennis. Pas étonnant, lorsqu’on sait que depuis 2012, hommes et femmes gagnent les même sommes pendant la compétition, soit 1650 000 euros en cas de victoire à Roland-Garros cette année . Souhaitons donc au football les mêmes évolutions que le tennis.

Charlotte Lazimi

4 Réponses to “L’affaire Helena Costa, symptomatique du sexisme dans le football”

  1. Julie juin 25, 2014 à 1:55 #

    Malheureusement cela n’arrive pas que dans le football, et pas que dans des clubs professionnels. On retrouver ce genre de machisme et de sexisme aussi dans des clubs de rugby amateurs. Au détriment des joueurs également d’ailleurs.

  2. Vatech juillet 11, 2014 à 7:51 #

    Rien dans votre post ne repose sur une quelconque enquête qui aurait pu montrer que son éviction du club était sexiste. Vous interprétez les événements dans le sens voulu. On pourrait tout à fait rédiger l’article en disant strictement l’inverse de ce que vous défendez.
    Bref, c’est nul.

  3. Albi septembre 2, 2014 à 10:47 #

    En tant que « féministe » (je n’aime pas ce mot), j’ai juste envie de dire que ça apprendra aux femmes de vouloir singer les hommes. Ce sport (de merde à mon avis) est un sport inventé par les hommes, pour les hommes. Quand on veut devenir femme « entraineur », c’est que soit on a rien compris de la manière dont s’est façonné la société actuelle, soit on est dans l’illusion de l’indifférenciation homme/femme (on est pareil), soit on est de ces « féministes » idiotes qui militent pour faire la « même chose que les hommes »..résultat: la gifle. et c’est bien mérité.

    Au lieu de suivre, il faut créer. et je milite pour que l’on créée sur des territoires qui nous valorisent, parce qu’on des femmes mais aussi des êtres intelligents. Le foot n’en faisant pas partie.

    • KuKaï novembre 17, 2014 à 8:58 #

      Votre commentaire est tout à fait dément ! Non, vous n’êtes pas féministe effectivement…
      Je suis une femme et n’aime pas non plus le foot, mais… et alors ??
      Si elle a envie de faire vivre ce sport, je ne vois pas où est le problème !
      Elle peut aussi innover dans ce sport ! Les tactiques, c’est de l’intelligence !
      Une féministe essaye de changer justement la société actuelle.
      Franchement, c’est intolérable de lire ça.. Vous êtes encore plus sexiste que certaines personnes, réfléchissez et renseignez-vous…

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