L’annonce date de juillet dernier, Jessica Valenti, célèbre blogueuse féministe outre-Atlantique annonçait sur Twitter qu’elle quittait les réseaux sociaux. En cause : une énième menace de viol concernant sa fille de cinq ans. Toute sa carrière, cette éditorialiste du Guardian n’a cessé de recevoir des insultes. Il s’agit d’un ças de cyber-harcélement à l’encontre de cette porte-paroles de sa génération. Un cas à part ? Pas vraiment, elle est loin d’être la seule féministe ou femme célèbre à prendre cette décision. Ce phénomène a pourtant des conséquences regrettables.
Avant Jessica Valenti, Lena Dunham avait fait de même. Elle dénonçait le « body shaming » dont elle était victime. Plus récemment (mais très temporairement), l’actrice américaine Leslie Jones, héroïne de Ghostbusters, a aussi fait face à des insultes racistes et misogynes. Ces personnalités publiques font ce choix pour se protéger. C’est compréhensible. Jessica Valenti a notamment expliqué les souffrances qu’elle a endurées avec ces nombreux messages d’une extrême violence. Elle estime éloigner sa fille de menaces, qui pourraient un jour être mises à exécution.
Jessica Valenti signale une situation inadmissible et toujours tolérée sur Twitter. Le site de micro-blogging doit réfléchir à une façon de punir ou d’ empêcher ces déversements de haine inacceptables. Surtout, la question de l’anonymat pose également problème. Car peu assumerait avec leur véritable identité de tels commentaires.
Cela dit, ce départ de Twitter ou Facebook a des conséquences néfastes. Cela laisse le champ libre aux trolls haineux et agressifs. Si toutes les figures ou sympathisantes féministes quittent le web, leurs ennemis gagnent. Ainsi, ils occupent et se réapproprient l’espace virtuel. C’est dommage et dangereux. Sur certaines questions, comme le libre accès à l’IVG, et nous l’avons expérimenté sur le blog, les diatribes sont d’autant plus fortes. Au contraire, les blogueuses ou sympathisants et sympathisantes féministes doivent accentuer leur présence sur le web. Il s’agit de lutter contre toute intimidation des ennemis de l’égalité. En France, la justice joue son rôle. Rappelons que Rokhaya Diallo avait poursuivi un utilisateur de Twitter qui avait menacé de la violer. Une victoire juridique puisqu’en 2014, ce dernier a été condamné. Cet arbitrage devrait inciter d’autres à combattre les attaques dont les femmes et particulièrement les féministes font l’objet. Ce n’est pas en nous éclipsant que nous y arriverons, mais bien en unissant nos forces pour mettre au ban les trolls et autres extrémistes, avec des campagnes à l’image de #notbuyingit qui dénonce de son côté le marketing genré et autres pub sexistes.
Charlotte Lazimi
Sur ce terrain-là aussi il me semble important que chacune fasse à sa guise ! ^^