A chaque nouvelle année, ses nouveaux espoirs. Concernant les droits des femmes, le pronostique de 2017 est plutôt réservé, surtout concernant l’IVG. Le grand défi: résister à la lente érosion de ce droit, orchestrée par les milieux réactionnaires. Les opposants des droits des femmes l’ont bien compris et ne faiblissent pas.
Aux Etats-Unis, ces cinq dernières années, l’IVG n’a cessé de reculer. Aujourd’hui, il est durablement menacé. Leur méthode est simple: ce droit est inlassablement contesté et progressivement grignoté dans les Etats conservateurs: suppression des subventions, limitation du nombre de semaines, enterrement obligatoire des foetus etc. L’arrivée à la Maison Blanche de Donald Trump est une nouvelle d’autant plus inquiétante qu’elle s’inscrit dans un long processus de déstabilisation, depuis sa légalisation en 1973. Pour rappel, Donald Trump appelait pendant la campagne à « punir » les femmes qui auraient avorté. Son vice-président Mike Pence est également un farouche opposant de ce droit fondamental. Dans l’Etat dont il est gouverneur, l’Indiana (tout comme au Texas), il a déjà largement restreint l’accès à ce droit. D’un côté, les femmes ayant recours à l’avortement ont l’obligation d’enterrer le fœtus. De l’autre, le remboursement de cet acte n’est plus possible dans cet état. Surtout, un avortement tardif est passible de prison ferme pour les médecins pratiquant cet acte. Ce scénario risque de se répéter dans l’ensemble du pays. Les futures nominations à la Cour Suprême seront décisives dans les prochains mois. Si cette instance passe du côté conservateur, l’arrêt Roe VS Wade, qui interdit d’interdire l’avortement, pourrait être définitivement abrogé.
En France, nous ne sommes pas en reste. La même stratégie est de mise. Un exemple regrettable d’un libéralisation de la parole ? Le candidat des Républicains François Fillon a cru bon d’expliquer, avant de partiellement rétropédaler, « qu’il était personnellement contre l’avortement ». Des déclarations fâcheuses dans un climat déjà délétère, quarante ans après le vote de la loi Veil. Combattre l’avortement n’est plus un tabou. Cette revendication est l’une des principales de l’extrême droite. Le désaccord à la tête du FN sur la question n’est qu’un désaccord de façade. En effet, Marion Maréchal Le Pen a réitéré sa volonté de remettre en cause le remboursement de l’IVG comme lors des dernières élections régionales, car dit-elle: « les femmes sont des êtres responsables qui doivent être traités comme tels ». Elles doivent donc payer, et payer le prix fort, selon la députée frontiste. Surtout, Marion Maréchal Le Pen souhaite augmenter le délai de réflexion et dégager des financements supplémentaires pour les mères célibataires. Comme si le désir d’enfant se résumait à une question purement financière. Ses remarques sont aussi simplistes que celles de sa tante Marine Le Pen, qui lors de la dernière élection présidentielle en 2012 évoquait déjà ce qu’elle appelait les « avortements de confort ». Son ambition: convaincre les intéressées d’y renoncer. L’idée était de dépeindre des femmes égoïstes, peu soucieuses d’une potentielle progéniture. Cette vision de la politique familiale des Le Pen, et plus généralement de l’extrême droite, n’a rien à envier aux années 40.
Depuis quelques années en France, les opposants à l’IVG et trolls en puissance sont galvanisés par ce discours. Très bien organisés, ils ont créé de faux sites d’information pour décourager et menacer les femmes qui comptent recourir à l’IVG. La loi pour que le délit d’entrave à l’IVG concerne ces sites de désinformation est passée, non sans de houleux débats. Le travail du Planning familial est crucial. Soutenons-le. L’année 2017 sera donc, notamment sur ce sujet, une année de challenges, de mobilisation, et de résistance en France, comme ailleurs.
Charlotte Lazimi
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