Présidentielle : Qui a dit ?

13 Mar

présidentielleL’égalité femmes/hommes n’est pas absente des programmes des candidats et candidates à l’élection présidentielle. Un gros bémol :  l’engagement est au mieux modéré, au pire de façade. Tour d’horizon des programmes des cinq plus grands candidats et candidate, et des déclarations sexistes et/ou controversées des aspirants et aspirante à l’élection présidentielle.

«  Ce n’est pas un concours de beauté »

Cette pique de Jean-Luc Mélenchon date de 2006 et s’adressait à l’époque à Ségolène Royal, qui s’était déclarée candidate à l’investiture socialiste. Pour un homme politique, qui se prétend féministe, on a connu moins sexiste, surtout pour celui qui souhaite une grande loi contre le sexisme. A l’époque, Jean-Luc Mélenchon résumait une candidature d’une femme à son seul physique, comme si elle n’avait rien d’autres à faire valoir. Plus de dix ans plus tard, l’égalité est au programme de « la France Insoumise ».  Sa première priorité : lutter contre les inégalités salariales à compétences égales en renforçant les sanctions aux entreprises qui ne les respectent pas. Deux autres mesures restent floues dans leur mise en œuvre :  « Revaloriser les métiers occupés majoritairement par des femmes (qualifications, grilles salariales…) et agir pour l’égal accès à toutes les formations et à tous les métiers » et « Favoriser des congés parentaux de durée identique entre les parents ». Dans le premier cas, il n’est pas expliqué comment revaloriser les métiers féminins ou lesquels sont concernés. « Favoriser les congés parentaux de durée identique » ne dit pas s’il s’agit d’une contrainte. Est-ce que cela signifie par exemple que le congé paternité aujourd’hui de dix jours sera presque égal à celui de maternité ? Sur son site, les Glorieuses font un état des lieux des lois en rapport avec l’égalité femmes/hommes. Un bilan étonnant de ses mandatures notamment de député européen…

« Historiquement, dans les cafés ouvriers, il n’y avait pas de femmes ». 

Cette remarque de Benoît Hamon visait à rebondir sur un reportage diffusé sur France 3, dans lequel des femmes étaient refoulées d’un café de banlieue. Une déclaration de Benoît Hamon qui n’avait qu’un but, a-t-il ensuite justifié  pour ne pas stigmatiser telle ou telle communauté. Dans le programme du parti socialiste, l’égalité contient neuf mesures : sur l’égalité salariale, le soutien au Planning familial, la création d’un service de petite enfance digne de ce nom- il manque 500 000 places en crèche, chiffre qui n’a pas bougé depuis 2012, ou encore concernant la prescription des crimes de viol. Benoît Hamon est le seul à déclarer maintenir le ministère des Droits des femmes. Aujourd’hui, le rôle de celui-ci a été considérablement réduit en 5 ans, passant de ministère à un secrétariat d’Etat au milieu de d’autres fonctions comme le sport ou la famille. Son budget équivaudrait à 0,05% du budget de l’Etat. Minime donc. Benoît Hamon propose de doubler ce chiffre. C’est peu. Ce dernier demande notamment de renforcer les sanctions des partis qui ne respectent pas la parité. Un comble lorsque dans ses équipes de campagne, on ne compte que 33% de femmes dans son organigramme de campagne.

« Philosophiquement et compte tenu de ma foi personnelle, je ne peux pas approuver l’avortement »

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Cette déclaration de François Fillon lors des primaires des Républicains avait alimenté le débat lors du deuxième tour face à Alain Juppé. Sommé de s’expliquer sur sa position, François Fillon a insisté qu’il ne reviendrait pas sur le droit à l’IVG. Il a déclaré qu’il avait voté toutes les lois permettant le vote de la loi Veil. «Faux », avait immédiatement rappelé l’actuelle ministre des Droits des femmes Laurence Rossignol, rappelant : «François Fillon a affirmé avoir voté tous les textes qui ont permis la mise en œuvre de la loi Veil. (…) En fait, il a menti. Depuis la loi de 1975, il y a eu plusieurs textes importants, le remboursement de l’IVG [en 1982], la loi [de 2001] permettant à une mineure de venir avec un adulte, la loi sur les délais… Il n’a voté aucun de ces textes. Pour certains, il a voté contre, pour d’autres il était absent. » Dans son programme François Fillon avec les femmes, on voit le candidat posé avec une quarantaine de femmes. La quasi absence de diversité saute aux yeux. Le candidat y fait le bilan de son action contre les violences conjugales et notamment la prostitution reconnue comme violence lorsqu’il était Premier ministre. Parmi des mesures importantes, il accorde de l’importance aux familles monoparentales, à 80% des femmes seules, souvent précaires et isolées. Le candidat républicain souhaite de favoriser un accès au logements sociaux ou de places en crèches pour ces familles monoparentales. Il se positionne par ailleurs en matière d’égalité salariale, la prescription des agressions sexuelles et viol. Un autre combat : la lutte pour la mixité, dans tout lieu qui la proscrirait. En ligne de mire : les associations religieuses. Rien évidemment sur l’IVG, pourtant menacé dans le monde et notamment aux Etats-Unis. Quid du Planning familial ou du remboursement de l’IVG, de l’accès à la contraception?

« Contre les avortements de confort »

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Depuis 2012, Marine Le Pen a tenté de faire croire qu’elle avait changé de programme. Comme elle est une femme, elle serait plus à même de le défendre. Mais la pilule a du mal à passer, car la candidate frontiste a bien un programme d’extrême droite, qui veut renvoyer les femmes à la maison, les exclut des sphères de pouvoir – son équipe est d’ailleurs la moins paritaire des candidats et contrôle leur rapport à leurs corps : « avortement dit de confort », déremboursement de l’IVG selon sa nièce Marion Maréchal Le Pen. Marine Le Pen se pose en chantre de l’égalité femme/ homme car elle attaque en sous-titre ce qu’elle appelle le rempart contre l’islamisme. Mais son programme est anti-féministe et menace les libertés.

«Je crois dans l’altérité. La vraie altérité pour un homme, c’est la femme. (…) Je suis profondément féministe car j’aime ce qu’il y a d’irréductible dans l’autre qu’est la femme»

Le 8 mars, lors d’un grand meeting au Théâtre Antoine et journée internationale des droits des femmes, Emmanuel Macron a tenu à leur rendre hommage. Un essai pour le moins raté. Car au lieu de se concentrer sur les droits des femmes, il a cru honorer celles-ci en appelant la sienne à la tribune. Comme si être féministe, c’était mettre en valeur sa propre femme. Deuxième écueil et pas des moindres, cette célébration de «l’altérité» entre hommes et femmes, comme si les deux s’opposaient. Depuis presque six ans, nous nous efforçons de montrer que les différences entre hommes et femmes sont d’abord culturelles, sociales et apprises toute au long de la vie. Une telle déclaration vient remettre les uns et les unes dans des cases opposées, comme si tout était déterminé. Aux hommes, les compétences, la force, la guerre, aux femmes la patience, la douceur, et le calme. En matière de stéréotypes qui fleurent bon les années 50, on aura vu mieux. C’est regrettable. Le candidat d’En Marche entend également de lutter contre les inégalités salariales en créant des contrôles dans les entreprises aléatoires. Une originalité: son souhait affirmé de nommer une femme à Matignon, pour succéder à Edith Cresson seule femme à avoir occuper se poste lors de la Ve République.  Dernière mesure, lutter contre le sexisme et le harcèlement de rue. C’est louable mais ça fait peu. S’il se déclare « féministe » et veut ériger en « cause nationale » l’égalité femme/homme, Emmanuel Macron pourrait réviser ses classiques et lire ou relire Françoise Héritier, Simone de Beauvoir ou encore Olympe de Gouges.

Bilan de ces cinq candidatures, créditées pour l’instant dans les sondages des plus hauts scores: des mesures qui reviennent en matière d’égalité salariale, de limite de la prescription des crimes sexuels. Pour l’instant, trois femmes sont candidates, Marine Le Pen, Rama Yade, et Nathalie Arthaud. Cela fait peu, surtout lorsque la première a le programme le plus nocif pour les femmes. En bref, c’est pas gagné…

Charlotte Lazimi

Une Réponse vers “Présidentielle : Qui a dit ?”

  1. Vervaine mars 13, 2017 à 3:34 #

    Merci pour cette analyse! (même si le constat n’est pas réjouissant…)

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