Sciences Po Bordeaux: Sanctionnez les sexistes!

5 Fév
capture d'écran page facebook

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A Sciences Po Bordeaux, un groupuscule d’un genre inédit fait parler de lui. Ouvertement misogyne et homophobe, il s’est s’auto-proclamé « masculiniste ». Dans un contexte expliqué par l’Express, une page Facebook s’est créée (à plusieurs reprises). Son ambition: débattre par exemple sur le bien-fondé des viols collectifs, en postant des perles comme « la parité enferme l’homme dans sa condition sexuelle et le réduit à un pénis. Pourquoi devrions-nous céder notre place sous prétexte d’être né avec un troisième membre? ».

Potentiellement dangereux, le mouvement masculiniste est très actif au Canada et notamment au Québec. Il prend les féministes et les femmes pour cible. Leur point de vue, en résumé: les féministes menacent l’ordre moral et oppriment les hommes en détruisant la famille et la société. Dans le film La Domination Masculine, le réalisateur Patric Jean en interviewe certains. Leur témoignage est éloquent. Bien sûr, ces étudiants ne partagent pas forcément les idées les plus extrêmes des idéologues canadiens. Mais leur principe est le même. Ils ont un ennemi à décrédibiliser: les féministes de l’IEP, incarnées par l’association étudiante A-Bord. Face à l’indignation suscitée, huit étudiants passent le 5 février en commission de discipline. Leur ligne de défense est simple: ils feraient preuve d’humour, de second degré, et d’un certain sens de la subversion. Le problème, c’est que ça ne fait pas rire grand monde, à part eux.

Pourquoi c’est grave ? Parce que les insultes, soit-disant sur le ton de la rigolade restent des insultes. Elles n’ont qu’un objectif : rabaisser, déstabiliser, blesser et ramener les femmes à leur condition de femmes. Ancienne étudiante de Sciences Po Bordeaux, je suis scandalisée par les propos tenus. Et ce n’est pas nouveau. A l’époque, on tolérait déjà dans les Crits (réunion sportive entre les IEP), fêtes étudiantes, ou manifestations sportives, des discours et chants misogynes, avec notamment, comme le rappelle l’article, une équipe de volley, appelée les « Violleyeurs » ou une équipe de Rugby féminin dénommée les » mi-putes mi-soumises ». Les chants homophobes, racistes, et antisémites avaient parfois aussi leur place.

Le climat, décrit par les étudiants et la direction elle-même, est détestable. Qu’attend-t-on pour sanctionner ? Une séance de bizutage qui tournera mal ? L’Institut d’études politiques de Bordeaux est censé former les futurs hauts fonctionnaires, commissaires de police, journalistes, directeurs de prison, communicants et j’en passe. C’est un lieu idéal pour s’instruire, partager, et surtout réfléchir. Outre une sanction forte et symbolique de la direction, chez Les Martiennes, on préconise aussi un autre type de punition: l’obligation de suivre 50 heures de cours sur les droits des femmes et l’histoire de la misogynie. Ça les forcera peut-être à penser au lieu d’insulter…

Charlotte Lazimi

5 Réponses to “Sciences Po Bordeaux: Sanctionnez les sexistes!”

  1. DameCha février 5, 2013 à 7:34 #

    Homo cretinus, quand tu nous tiens…
    Bref, j’ai un souci de lexique : le terme ‘condition de femme’ me gêne un peu, car il sous-entend que la condition est propre au sexe, alors que c’est un concept construit par la société.
    Je ne sais pas si le raccourci que je fais exprime correctement ma pensée, mais c’est un peu utiliser deux fois le même mot dans une même phrase comme étant fort d’un côté et avilissant de l’autre.

    Ou bien c’est un point de détail ?
    Sachant que je vais bientôt devenir maman, et que je veux que mes enfants évitent ce genre de débordements, il me semble important d’avoir des termes appropriés à associer aux images. Et aussi de ne pas avoir l’air d’une chienne de garde !

    • Prune février 5, 2013 à 9:42 #

      Exactement ce que je me disais DameCha! « Ramener les femmes à leur condition de femme » ça ne veut rien dire…Perso je suis très contente de ma condition de femme…

  2. AF février 5, 2013 à 11:22 #

    Quelqu’une a-t-elle porté plainte de manière individuelle ?

  3. sylhouahe5 février 6, 2013 à 1:11 #

    Là où l’ignorance passe, la culture trépasse.
    Or, la culture c’est justement l’échange entre les cerveaux non pas les sexes. La lecture des propos de Zemmour est affolante, comment peut-on à ce point proférer de telles stupidités et se vanter d’une civilisation construite sur la violence et la guerre, prôner que ces valeurs sont la gloire du sexe masculin ?!
    Comment ne pas comprendre le besoin, la nécessité absolue même, d’en changer, de créer des valeurs vraiment humaines, de vraie fraternité et sororité ?
    Je ne crois pas un seul instant que la virilité glorifie le meurtre et le mépris de l’autre et je ne crois pas que le féminisme ait besoin de rejeter la masculinité. Je préfère tenter de travailler à l’édification d’une humanité complète et totale dans laquelle chacun et chacune pourra évoluer respectueusement à son environnement et en vertu de sa personnalité intrinsèque.
    C’est sans doute ce genre de notions qui échappent aux esprits grossiers de ces hommes là. Il leur manque sûrement un élément, un petit truc qui pourrait leur faire comprendre le crétinisme de leurs réflexions… Ces hommes et ces femmes aussi… Tous ces gens qui croient que la religion leur demande de séparer les sexes et de leur assigner un rôle spécifique que jamais l’autre ne devra tenir sous peine de dévalorisation, de perte de son individualité sociale.
    Nous ne sommes plus en ces temps de cases et de castes, nous sommes dans des temps de dialogue et de construction d’une humanité qui comprend et intègre chaque type d’être et permet à chacun d’apporter son originalité et sa réflexion.
    Et si ces hommes avaient raison de dire que les valeurs féminines sont la douceur, la paix, l’écoute, la tolérance et la précaution, alors je revendiquerais plus fort encore mon féminisme et rejetterais loin de moi ces autres valeurs que Zemmour défend comme masculinistes.
    Je ne souhaite pas cependant la véracité de ces prétentions, ce serait bien triste.

  4. Pablo Erwyn février 7, 2013 à 6:23 #

    Hélas, la direction de Sciences-po Bordeaux ne retient que l’utiisation négative du nom et du logo de l’école ! En somme, on pourrait rire du viol mais pas sous leur nom…
    De plus, elle a menacé ces derniers jours le collectif féministe qui a médiatisé l’affaire, notamment en menaçant de porter plainte pour « diffamation ».
    Enfin, la direction ose nier tout sexisme de son école en donnant comme argument… que la plupart de ses secrétaires sont des femmes !!!
    (l’article est là : http://www.sudouest.fr/2013/02/07/sexisme-a-sciences-po-bordeaux-huit-etudiants-entendus-par-la-direction-959523-2780.php , mon commentaire ici http://pabloerwyn.eg2.fr/?p=15)

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