Game of Thrones, une série féministe ?

22 Jan
Game of Thrones crédits: DR

Game of Thrones crédits: DR

Game of Thrones est la série la plus attendue de l’année: la troisième saison sera diffusée aux Etats-Unis en mars 2013 sur HBO. Dans un univers médiéval imaginaire, de grandes familles se disputent le trône des sept royaumes. Une fois n’est pas coutume, les femmes jouent un rôle prépondérant dans l’intrigue. A tel point qu’on s’est empressé de déclarer que la série était féministe. Est-ce vraiment le cas? Pas sûr, car aucune héroïne n’échappe aux stéréotypes de la mère, de la pute, ou du garçon manqué…

On pourrait s’en réjouir, dans Game of Thrones, les femmes ont la part belle, de la cruelle Cersei Lannister, à Arya Stark, le garçon manqué, en passant par Catelyn Stark, Daenaerys Targaryen, ou encore Sansa Stark. Pourtant, la série reste une série conçue par des hommes pour des hommes.

Sur 25 personnages principaux dans la deuxième saison, elles sont seulement 8 femmes. Dans ce monde, ces dernières ont deux destinées possibles: soit elles sont nobles et échappent de près à la mort, soit ce sont des roturières, qui souvent se prostituent. Elles n’ont aucun pouvoir et tirent leur seule légitimité de leur statut de « mère de », d’ «épouse de », ou encore de « fille de ». D’ailleurs dans la série, être mère n’est pas vraiment vu comme un atout, mais plutôt comme une faiblesse, comme l’explique le blog américain Feministe. C’est ce qui pousse les personnages féminins à agir au mieux de manière irréfléchie, au pire de manière cruelle, comme  Catalyn Stark.  Cette dernière libère son ennemi juré, une prise stratégique en pleine guerre, pour protéger ses filles. Ainsi, elle met en danger son camp. Même la superbe Daenerys Targaryen devient mère, la mère des dragons. Elle renonce d’ailleurs à sa vie de femme pour se consacrer entièrement à ses rejetons… les dragons, et récupérer le trône de son père. La série a pris quelques libertés à l’égard des livres dont elle s’inspire, donnant moins de place aux femmes et surtout une image tronquée de Catelyn Stark, moins intelligente dans la série.

Les seuls personnages féminins forts de la série sont des garçons manqués, comme si une femme qui sait se battre ne pouvait être féminine, comme si le courage et la force n’étaient que des attributs  masculins. Il y a d’abord Arya, la plus jeune fille des Stark, qui déteste les robes et préfère apprendre à se battre. Lady Brienne de Thart, elle, est une femme chevalier très masculine, dont la seule ambition est de protéger son roi. Enfin il y a la soeur de Theon Greyjoy, Yara, devenue une combattante pour remplacer ses frères morts ou emprisonné. L’idée sous-jacente: les femmes qui se conduisent « comme des hommes » ressemblent à des hommes. Certes, la série se déroule pendant la période médiévale, pas vraiment un moment propice à l’émancipation féminine. Cependant, on n’est pas obligé de tomber dans de telles caricatures. Mais la subtilité et la complexité des personnages sont loin d’être le point fort de Game of Thrones. Par exemple, Arya Stark explique dans un épisode que « toutes les filles sont stupides ». A l’opposé, sa soeur Sans Stark correspond en tout point à la jeune femme docile et soumise: elle ne rêve que du grand amour, sans faire preuve de beaucoup de jugeote. Amoureuse, elle ne comprend pas que son fiancé la méprise. Il lui faut attendre la mort de son père, décapité sur la place publique sur ordre de son prétendant, pour que la jeune fille prenne conscience du danger de sa situation. Elle résiste pourtant avec dignité aux humiliations durant toute la seconde saison (elle échappe notamment de peu à un viol collectif). Mais c’est avant tout une victime, qui a peu de marge de manœuvre… D’ailleurs, lorsqu’elle a une possibilité de s’enfuir, elle se défile sans que l’on comprenne vraiment pourquoi.

Devant le pouvoir et la prépondérance de certains personnages, certains ont cru voir des personnages « féministes ». Il n’en est rien. Quatre héroïnes ont de l’autorité, de l’ambition, exercent un certain pouvoir et sortent quelque peu de leur rôle. Le meilleur exemple ? Daenerys Targaryen (au centre de la photo). De jeune vierge innocente, vendue à un barbare qui la viole sans un mot dès le premier épisode, elle devient la Khaleesi, c’est-à-dire la reine de la tribu, à la mort de ce dernier. La jeune femme règne sur ceux qui ont décidé de la suivre. Elle est plus forte, plus impitoyable, malgré sa naïveté qui lui fait perdre de nombreuses batailles. Elle est d’ailleurs sans cesse conseillée par son chevalier servant, comme si elle ne pouvait prendre seule les décisions. Ensuite, les autres femmes puissantes sont plutôt cruelles. Elles se rapprochent plus de l’image de la méchante classique des contes de fées : des femmes dangereuses, néfastes et sans pitié qui causent la perte de ceux qu’elles entourent. C’est le cas de Cersei Lannister qui manœuvre en coulisses et tente de contrôler son fils qu’elle a mis sur le trône. Dans le même genre, on retrouve aussi la prêtresse Melisandre d’Asshaï, qui semble surtout être l’instrument d’une force maléfique. Enfin, il y a Margaery Tyrell qui ne rêve que d’une chose: « être la reine ». Cette dernière semble plus être attirée par le titre que par le pouvoir. On a vu mieux pour un personnage supposé « ambitieux ».

Mais dans Game of Thrones, les femmes servent surtout de monnaie d’échange, et sont régulièrement violées ou asservies. Une spécialité de la tribu de  Daenerys Targaryen… Dans ce monde imaginaire, elles se prostituent presque toutes ou n’hésitent pas à utiliser leurs charmes pour obtenir ce qu’elles souhaitent. Les scènes de sexe s’enchaînent dans les épisodes, sans que cela n’ait une vraie incidence sur l’intrigue, comme cette scène dans un bordel ou le proxénète apprend à deux prostituées comment simuler la jouissance… En bref, il reste encore du chemin avant que les personnages féminins soient plus complexes et libérés des clichés. Espérons que la troisième saison nous réserve de meilleures surprises…

Charlotte Lazimi

36 Réponses to “Game of Thrones, une série féministe ?”

  1. antisexisme janvier 22, 2013 à 12:09 #

    Moi ce qui m’a le plus gênée d’un point de vue féministe dans cette série, c’est les scènes sexuelles qui reprennent vraiment trop les codes pornographiques.

    Je ne suis pas opposée à ce qu’il y ait des scènes érotiques dans les séries/films… mais pourquoi faut-il que ce soit en mode « défonçage » ?! Il n’y a que ça comme sexualité possible ?

    • Les Martiennes janvier 22, 2013 à 12:14 #

      Nous sommes tout à fait d’accord…

    • Milkandpink mars 9, 2013 à 4:45 #

      Les scènes de sexe « violentes » ou porno-style concernent les scènes de prostitution, et non les véritables relations amoureuses. Ca me paraît donc logique que les personnages (hommes+prostituées) baisent en mode « défonçage », sans aucun romantisme.

      Ce n’est pas la seule image de la sexualité proposée, cependant : regardez l’évolution des rapports sexuels dans le couple Daenerys/Drogo. Ou encore la relation entre Robb Stark et Talisa : un échange plutôt tendre et passionné, loin des autres scènes de sexe habituelles. D’ailleurs, il est peut-être intéressant de noter que Talisa et Daenerys font toutes les deux l’amour en amazone, ne sont pas soumises à leur partenaire, ne subissent pas la relation sexuelle et ont même l’air de prendre du plaisir.

      Je ne pense pas du tout que Game of Thrones soit une série féministe, mais je voulais juste apporter mon point de vue sur la façon dont le sexe est dépeint : ce n’est pas tout noir, non plus.
      La série a au moins le mérite de montrer une large palette de femmes, qui n’est certes pas complète, manque de nuances, mais reflète au moins une partie de ce qu’est ou ce que peut être la féminité. (Et puis dans un cadre moyen-âgeux comme celui-ci, on aurait pu n’avoir que des Sansa Stark ;))

  2. funambuline janvier 22, 2013 à 12:29 #

    Je trouve que votre article manque de nuances, ou de contexte, je ne sais pas. Certes les personnages féminins sont pour la plupart maltraités, physiquement, sexuellement, psychologiquement. C’est « l’époque » de type moyen-âgeux qui veut ça, avec cet archaïsme du trône qui passe de mâle en mâle.

    Mais ça c’est le contexte, Moyen-Âge, obscurantisme politique, social et « genré ».

    Sur cette tapisserie de fond, l’auteur nous apporte pléthore de personnages féminins, multiples. Certes, nombreux sont mère-épouse-putain. Mais chez les hommes aussi on est père-fils-époux… certes, pas putain. Ces personnages féminins ne sont pas que ça, ils ont chacun des ambitions (ou un manque d’ambition) propre, ils sont aussi pleutres ou courageux, puissants ou impuissants, intelligents ou aveuglé par l’ambition que les personnages masculins. Et c’est suffisamment rare dans la littérature/sur le petit écran pour être souligné !

    Si on raconte l’histoire en ne prenant en compte que les personnages masculins, c’est assez simple : un roi se fait tuer, son successeur est contesté, ça déclenche une guerre. Ce qui fait la richesse de cette saga, c’est le fait que des personnages féminins prennent des places qui ne leur étaient pas destinées. Elles osent l’ambition dans un monde obscure et masculin.

    D’ailleurs, au fur et à mesure des livres (ce qui va donc arriver dans la série dans les prochaines années), les personnages féminins prennent de plus en plus d’importance, de place, sont de plus en plus divers et agissent selon leur volonté et non celles de conseiller/amant/maris/pères. C’est un retournement… et c’est peut-être là que certains décèlent des prémisses de féminisme.

    Pour ma part, c’est montée en puissance des femmes et de leur pouvoir me réjouit à chaque nouvelle avancée. Quant à savoir si c’est « féministe », je ne saurai répondre, mais offrir multiples modèles féminins puissants et indépendants (si, si, je vous assure, ils le deviennent presque tous) me paraît un bon début.

    Quant aux scènes sexuelles, il est dommage que le petit écran soit aussi porté sur la levrette. Le livre nous offre de joli moment où le « pouvoir » change de main pendant l’acte. Deanerys devient véritablement femme quand c’est elle qui chevauche son Dokhtari et non l’inverse. C’est une scène puissante (dans le livre), qui a été à peine esquissée dans la série.

    (PS : j’avais écrit un article à ce sujet après la première saison : http://funambuline.blogspot.ch/2011/06/game-of-thrones-le-pouvoir-au-feminin.html )

    • Les Martiennes janvier 22, 2013 à 1:35 #

      Nous sommes ravies de savoir que les femmes prennent plus d’importance dans la suite. Pour les personnages féminins, à part Daenerys, nous maintenons que pour les autres, elles manquent quand même d’ambition. Mais votre commentaire donne envie de lire la saga, probablement plus subtile…

      • funambuline janvier 23, 2013 à 10:30 #

        Oui, définitivement plus subtile… et surtout plus avancée, la série n’en est qu’à sa 2e saison… la saga est longue, les femmes s’affranchissent petit à petit… en toute logique dans ce monde médiévalo-fantastique…

  3. Red janvier 22, 2013 à 1:15 #

    Juste une remarque sur les guerrières qui font comme les hommes (la guerre) et leur ressemblent (les garçons manqués) : qu’aurait-on dit s’il s’agissait de guerrières mais qui-savent-rester-féminines, comme ces sportives-qui-savent-rester-féminines, parce que les femmes restent, et doivent le rester, féminines quelle qu’en soit l’occasion. Comme si un garçon manqué, ce n’était pas possible ma bonne dame, ça n’existe pas, ou bien c’est Mal. Là-dessus, je remercie et l’écrivain, et les auteurs de la série, de présenter ENFIN des persos qui me ressemblent et auxquels je peux m’identifier : enfin des guerrières qui manient l’épée avec classe et ne sont pas féminines.
    Sinon globalement d’accord avec l’article, la série n’a peut-être pas su mettre en scène la subtilité des bouquins, mais si l’on suit les avis ça évoluera peut-être avec la suite…

    • Red janvier 22, 2013 à 3:23 #

      (je précise que ce n’est pas contre vous, je sais bien que ce n’est pas votre genre de dire qu’être garçon manqué c’est mal ou qu’il faut rester féminine tout le temps. C’est plus, je salue l’oeuvre pour ça, et je m’élève contre le sexisme ordinaire, rien à avoir avec vous en fait. Il faudrait plus de diversité : pourquoi pas une guerrière féminine et une autre un peu plus masculine? 🙂 )

      • Les Martiennes janvier 23, 2013 à 12:37 #

        Je suis d’accord!

  4. tsz janvier 22, 2013 à 2:49 #

    @antisexisme
    Les scènes en question sont propres à l’adaptation TV, je pense pour ma part que ça devait être dans le cahier des charges (« vas-y coco, fais comme dans Rome… ») : les livres ne sont pas spécialement chochotte, mais je ne me souviens pas qu’ils aient fait une telle fixation sur la levrette (peut-être une contrainte matérielle ? Montrer des relations sexuelles sans voir de parties génitales tout en permettant aux acteurs de parler et d’être reconnaissables ?)

    @charlotte
    J’ai lu les livres de George R Martin et pense que celui-ci a essentiellement voulu raconter une histoire, certes teintée de fantasy, mais située dans un univers historiquement proche du « vrai » moyen-âge : qu’on fasse partie des bons ou des mauvais, on y meurt facilement, le pouvoir est détenu par des nobles qui l’exercent brutalement et les femmes n’y ont en effet en général comme perspective que celle de se marier et d’enfanter.
    Est-ce antiféministe ? Je ne le crois pas, d’abord parce qu’au mieux de mes connaissances telle a longtemps été la condition féminine, ensuite parce que la majorité des personnages féminins ne s’y résolvent justement pas et utilisent tous les moyens dont elles disposent pour ne pas subir leur destin.
    Enfin, reprocher à Arya de dire « les filles c’est trop nul » sans préciser qu’elle a 10 ans ou blâmer Sansa de rêver au prince charmant alors qu’elle a 12 ans, c’est refuser au personnage d’avoir le droit d’exister : *toutes* les gamines de 10 ou 12 ans ne rêvent pas de se battre ou d’épouser des princes charmants, mais *certaines* le font à cet âge-là et (heureusement pour elles) continuent à grandir ensuite.

    Game of thrones n’est certainement pas une série parfaite mais je pense que l’accuser de sexisme, au prétexte que son univers est extrêmement dur pour les femmes, relève de la mauvaise foi.

    • Les Martiennes janvier 23, 2013 à 12:24 #

      Je crois qu’il y a eu un malentendu. Ce post ne visait pas à faire le procès de la série Game of Thrones ou à l’accuser d’antiféminisme. L’objectif était de montrer que les personnages étaient caricaturaux dans la série (je n’ai pas lu les livres). Il est difficile de s’identifier. C’était une manière de dénoncer des stéréotypes pas de stigmatiser les mères, les prostituées ou encore les garçons manqués..

      Quand à Arya, à 10 ans, son personnage fait preuve d’une très grande maturité. L’argument est poussé à son maximum et n’est peut-être pas le plus pertinent de la démonstration.

  5. JmZ janvier 22, 2013 à 3:05 #

    Un article non seulement approximatif mais totalement débile, qui mériterait une réponse détaillée. Ou pas.

    En tous les cas, si d’un côté je n’arrive pas à savoir s’il vaut mieux un personnage féminin faible et criard, ou fort et donc « forcément » mâle (ah bon ?!), de l’autre il ne faut pas oublier que les hommes de la série Le Trône de Fer sont, EUX AUSSI, des caricatures assez poussées : honneur, courage, force, ou alors lâcheté qui va forcément avec faiblesse (ben ouais), ou mépris, manipulation et traitrise, voilà bien des poncifs pour décrire… les hommes.

    Le féminisme exprimé dans cet article est décidément… caricatural !

    • Les Martiennes janvier 24, 2013 à 7:27 #

      Les hommes tombent aussi forcément dans la caricature. Si les femmes sont enfermées dans des stéréotypes, les hommes aussi. Cependant, le courage, la force, l’honneur sont beaucoup plus positifs que ceux attribués aux femmes. La question était de savoir si la série était féministe. La réponse est non, à notre humble avis.

    • murielle janvier 25, 2013 à 1:20 #

      Jen’irai pas jusqu’à l’adjectif débile mais je suis assez d’accord avec JmZ. Cest un article « enfonçage de porte ouverte »! On n’apprend pas grand chose sur une évidence. Mettre un point d’interrogation ne sert à rien dans ce cas là. Mais continuez à écrire, je vous aime 🙂

  6. SJay janvier 22, 2013 à 3:43 #

    L’article est loin d’être féministe lui-aussi! Certains passages sont même choquants : Les seuls personnages féminins forts de la série sont des garçons manqués, comme si une femme qui sait se battre ne pouvait être féminine, comme si le courage et la force n’étaient que des attributs masculins.  » Premièrement, qu’avez-vous contre les garçons manqués? Qu’avez-vous contre la transgression des genres? Et votre argumentation laisse supposer qu’une femme se doit d’être féminine même quand elle se bat… Les personnages forts et androgynes dans la série ne manquent en rien de « féminité ». Vous avez à mes yeux une vision extrêmement rétrograde du féminisme et de la féminité. Ou vous ne manquez pas d’ironie ! (mais cela m’étonnerait…)

    • Les Martiennes janvier 23, 2013 à 12:28 #

      Merci pour cette remarque. Je crois qu’il y a un malentendu. Je ne voulais pas critiquer les garçons manqués ou regretter toute transgression des genres. Il s’agissait de pointer trois stéréotypes. J’aurais aimer plus de diversité dans ses personnages et plus de complexité. Simplement, sur une galerie de personnages, il est dommage qu’ils se ressemblent tous et entrent tous dans des cases. Par ailleurs, vous posez une excellente question : qu’est-ce que la féminité?

  7. Audrey A. janvier 22, 2013 à 4:36 #

    En tant que femme pro-féministe, je suis très embêtée quand je lis ce genre d’article qui discrédite la cause. Vous êtes manifestement passée à côté des subtilités des personnages, les décortiquant à l’aune de votre subjectivité, oubliant de remettre les arguments en perspective et cachant sous le tapis les éléments qui n’allaient pas dans votre sens. Les personnages évoluent certes dans un milieu médiéval peu évident pour les femmes, mais qui ne l’est pas plus pour les hommes.
    Les personnages féminins sont bien campés, et de même que les hommes, affrontent des difficultés qui les heurtent et les façonnent. Cersei n’est pas toute d’une pièce contrairement à ce que vous prétendez, oubliant un peu vite les sacrifices qu’elle est prête à faire pour ses enfants et son frère/amant. Arya est bien obligée de se faire passer pour un garçon sous peine d’être violée, si elle veut pouvoir passer les rangs des soudards armés. Quant à toutes les femmes soldats, enfin un peu de réalisme ! Eh quoi ? Vous voudriez qu’elles s’habillent en justaucorps sexy tout en cuir, les fesses à l’air ? Voilà qui serait féministe, c’est certain ! Et puis pratique et pas du tout dangereux pour une telle carrière ! Soyez soldate mais surtout n’oubliez pas le rouge à lèvre, voilà le genre de conseil qui vous aurait valu un bon bourre-pif de Calamity Jane (si vous voulez un exemple, réaliste, celui-là) ! Quant à Daenerys, ici encore votre vision est tronquée. Initialement, c’est son frère qui veut récupérer le trône de papa (donc c’est sexiste, là aussi ? Bizarrement ce point de vue ne vous dérange pas), mais peu à peu, grandissant, Daenerys évince tous les personnages masculins qui l’entourent et cherchent à la manipuler pour en ressortir victorieuse. Et c’est pour elle, pour personne d’autre qu’elle revendique le trône. C’est d’ailleurs une constante dans cette série, une émancipation des femmes, qui se sortent d’une situation de dominée pour devenir dominantes, là est le schéma répétitif. Je vous rejoins sur Catelyn qui est par contre mieux expliquée dans le livre, mais ne perdez pas de vue que c’est l’auteur lui-même, fort d’une grande expérience dans la série TV qui a dirigée cette dernière. Après, il a fallu faire des sacrifices…
    Quant aux hommes ? La plupart sont cinglés, pas sympathiques pour deux ronds, le petit Stark est jeté dans le vide pour devenir handicapé (donc c’est une victime ?), le père est décapité pour s’être acharné dans un honneur qui frisait la bêtise (donc c’est un crétin ?), Robb est condamné à un mariage forcé (donc il est asservi par sa condition ?), et on peut trouver des tares à chaque personnage masculin. Alors faut-il en déduire que la série est misandre ? Je pense que ce serait tout aussi faux. Mais on peut justifier n’importe quel point de vue quand on fait preuve de mauvaise foi.

    • Les Martiennes janvier 23, 2013 à 12:36 #

      La série est intéressante. Cependant, je ne suis pas convaincue par les personnages féminins. Cela ne veut pas dire qu’ils sont détestables. Par ailleurs, vous détournez mes propos sur les tenues des femmes, lorsque vous dites: « Vous voudriez qu’elles s’habillent en justaucorps sexy tout en cuir, les fesses à l’air ? ». Mais, qu’est-ce que cela signifie? Qu’une femme qui porte une petite tenue n’est pas féministe ? Je ne comprends pas bien le sens de votre remarque. Je trouve que les personnages masculins à l’exception de Ned Stark qui comme vous dites « s’est acharné dans un honneur qui frisait la bêtise » beaucoup plus intelligents. C’est la cas de tous les fils Stark. De même Tyron Lannister dans la série s’avère intelligent, courageux et humain. Il s’agissait de montrer que les personnages féminins étaient plus stéréotypés. Quant à Daenerys, c’est le personnage qui a le plus d’ambition, la seule femme à prétendre au trône. Il s’agissait de montrer son rapport à la maternité et au pouvoir. Il ne s’agit pas de dire que la série est sexiste, mais de montrer des stéréotypes.

  8. Dame Cha janvier 23, 2013 à 12:37 #

    Je trouve aussi que l’article manque de la force qui caractérise d’habitude ce site.
    Par ailleurs, je voudrais rétablir autre chose, plus d’un point de vue historique : non, le Moyen-Âge n’était pas une période plus pétrie d’obscurantisme que d’autres.
    Soit, le pouvoir était monopolisé par les hommes. Ce qui n’a pas vraiment vraiment changé, entre nous.
    Mais l’ère médiévale a été largement desservie et obscurcie par celle qui a suivi (la Renaissance). CelleS qui ont suivi, la pire étant celle de la Révolution Industrielle (je vous renvoie à Napoléon, à Verdi aussi qui atteint des sommets dans Lucia di Lamermoor ou La Traviata)
    L’époque médiévale autorisait les femmes à être propriétaires, à faire et tenir un commerce… Bref, à être indépendantes. Soit, pas au sommet de l’Etat, mais au quotidien (et n’est-ce pas le lot du plus grand nombre ?)…

  9. 2Ld'R janvier 23, 2013 à 8:53 #

    Pour contredire votre déclaration sur les stéréotypes, je dirais que dans cette fiction fortement inspirée des codes du Moyen-âge comment peut-on éviter les stéréotypes ? Par conséquent, toutes les femmes sortant du commun ( arya et brienne par exemple) sont des marginales car elles sont en dehors des codes. De plus, si on se met à chercher partout des stéréotypes, on n’est pas couchés : parce qu’il y a également la réalité (la petite vieille du deuxième étage qui parle avec ses chats répondant au nombre de douze, la nana qui travaille dans le box à coté du votre et qui a eu son poste grâce à une promo-canapé…). Aussi parfois il faut savoir juste profiter des choses telles qu’elles sont et Game of Thrones fait partie de ces choses-là : je doute que les producteurs, ou même George R Martin soient restés focalisés sur la psychologie féminine. Cependant, il y a de la matière : cet auteur de génie a exposé grâce à ces quelques personnages féminins les différentes interprétations du pouvoir : Daenerys utilise une troupe de soldats combatifs, ainsi que son héritage génétique (il y a de quoi s’inquiéter), cersei utilise sa féminité, au contraire de Brienne qui a renoncé à son statut de femme pour celui du vrai chevalier (ce qui je pense attire Jaime). Il y a également catelyn stark qui use de son pouvoir en tant que mère ce qui génère un certain nombre de problèmes avec son fils, roi du nord, Sansa stark, qui utilise en tant que protection toutes ses manières de courtoisie, en totale opposition à sa soeur Arya qui préfère abandonner sa noblesse et utiliser la force et sa vivacité d’esprit afin d’assurer sa survie. Le rôle de la fille Greyjoy est selon moi sans réelle importance, n’étant là que pour « castrer » son frère, Théon. Enfin bref, il y a beaucoup plus à dire que vous semblez sous-entendre, il y a même, à mon sens, suffisamment de quoi en faire une dissertation… Et ne parlons pas des personnages masculins (notamment Jaime et Tyrion qui sont à mon sens les plus intéressants) !
    Voilà, merci d’avoir lu mon commentaire !
    PS: J’ai lu dans l’un des commentaire qu’Eddard Stark  »est décapité pour s’être acharné dans un honneur qui frisait la bêtise » : alors là si aller jusqu’au bout de ces principes relève de la bêtise… je ne sais pas quoi dire…

  10. tsz janvier 25, 2013 à 11:23 #

    Puisqu’on est maintenant entre spécialistes de GoT, attiré/es par la cause à défendre ;-), je dois dire que j’espère beaucoup de l’évolution des filles Stark pour le volume qui suivra « A dance with dragons » : Arya évidemment, dont pour ma part je me demande si elle va même rester une Stark tant elle s’est éloignée de tous les autres, mais aussi Sansa : eh oui, sous l’influence de Baelish, celle qui était jusqu’ici (je ne sais plus où j’ai lu ça mais c’est tellement vrai) la « cruche qu’on aime détester » va-t-elle se transformer en nouvelle Cersei ? En nouvelle Catelyn ? En complètement autre chose ??!
    Daenerys reste assez fascinante, en dépit du surplace que j’ai ressenti dans ce dernier volume, et sinon bien sûr Jaime et Tyrion s’enrichissent au fil du déroulement de l’intrigue.
    Je ne veux pas en dire plus sur eux ou les autres personnnages, pour ne pas gâcher la lecture / vision de ceux/celles qui n’en seraient pas là…

    Pour terminer sur le sujet qui nous intéresse (rappel= »Game of thrones, une série féministe ? »), je répondrais que non, elle ne l’est pas spécialement, mais qu’elle est bien loin d’être tissée de clichés pour autant. Il me semble que les personnages, qu’on apprécie ou pas leur vision de la vie et leurs valeurs, sont complexes et cohérents – parfois jusqu’au bout, comme on l’a souligné avec Eddard Stark (lequel d’ailleurs, ayant beau placer l’honneur plus haut que tout, se résigne tout de même à avouer une culpabilité imaginaire pour sauver sa vie : c’est la folie de Joffrey qui le fera exécuter), ils ont pour la plupart une vie propre qu’on n’imagine guère être conduite par une volonté de démontrer des valeurs, féministes ou anti-.
    Et, pour moi en tout cas, le fait que une bonne moitié de ce noyau dur de personnages solides soit composée de femmes (dont au moins deux n’ont pas une conduite conforme aux codes féminins acceptés par les autres, je le rappelle), que ces femmes ne se vivent pas comme des victimes et qu’elles prennent les commandes de leur destin, cela me suffit – accessoirement, cela suffit aussi à différencier cette série de la plupart des autres, aussi bien littéraires que télévisuelles.
    Tolkien, anyone ? ;-P

  11. Khath@GameofThrones janvier 28, 2013 à 9:32 #

    « Mais la subtilité et la complexité des personnages sont loin d’être le point fort de Game of Thrones. »

    Ok, c’est sorti du contexte, mais je retiens ça.

    Je trouve ça choquant en fait. GoT, c’est surement l’une des oeuvres fantastiques dont les personnages sont le plus travaillé, (et pour ceux que je vois venir, les personnages sont tous très travaillé, et pas que dans le contexte du fantastique hein).

    C’est limite de la désinformation pour les gens qui ne connaissaient pas cette oeuvre.

    Les personnages féminins sont divers et variés,elles ont toutes une histoire, une personnalité complexe et en fait, vous les rabaisser par votre article.

    Dire que les femmes de got sont soit cruelles soit des garçons manqués, c’est comme si je disais que tout les hommes de got sont des obsédés (Tyrion, Theon), des sadiques (Joffrey, Bolton et Bolton, etc) des brutes sans cervelle (Shagga !) ou froids et machiavéliques (Tywin, Bolton, et d’autres).

    Bref, il est facile de faire des catégories … de personnages dont l’histoire, le comportement et les ambitions sont totalement différentes.

    En résumé, la série, (et les lire) n’ont rien ni de féministes ni d’anti-féministes, pas plus que de misandre ou non.
    C’est simplement une oeuvre assez exceptionnelle que je vous invite à lire en entier au plus vite pour dissiper une partie de vos remarques.

    Si GoT est anti-féministe, expliquez nous comment cette oeuvre aurait du être pour vous paraître pour que les femmes et les hommes soient placés sur un pied d’égalité ? Je dis bien un pied d’égalité, et pas une catégorie plus « haute » que l’autre, que ce soit la première ou la seconde.

  12. Grossemite janvier 29, 2013 à 11:32 #

    Mais qu’aurait-il fallu pour qu’un personnage féminin trouve grâce à vos yeux? On a l’impression que vous jouez une partie de  » Trouver de l’anti-féminisme dans une oeuvre considérée féministe? Challenge accepted! « 

  13. Lachesis février 10, 2013 à 5:44 #

    Bonjour,

    je dois me joindre au choeur des gens déçu par cet article. C’est un peu comme cracher dans la soupe alors qu’elle est loin d’être mauvaise. Avez-vous essayer de compter le nombre de personnages féminins de premier plan dans d’autres oeuvres avec une popularité semblable ? En fait juste pour marque de contre-exemple, j’aimerais bien que vous nous parliez d’une série où les personnages sont à votre goût, histoire qu’on sache que vous auriez voulu voir.

    Je n’ai lu que les livres (je n’ai pas eu la patience de re-regarder la série alors que je connaissais tout le scénario). J’y vais vu un nombre de perso féminin bien supérieur à la moyenne d’autres oeuvres d’héroic-fantasy et beaucoup mieux traités et plus développées que dans d’autres oeuvres comparables, tout en étant dans un cadre plus réaliste (peu de magie). Après certains sont plutôt libérés que d’autres.

    Je ne connais personne qui soit devenu féministe en tombant du lit ! Que des personnages dans un univers médieval soient plus ou moins libre de leurs mouvements, c’est pas vraiment choquant, d’autant qu’ils évoluent au fil de l’histoire et qu’on voit bien que ce sont généralement les plus soumis qui se retrouvent le plus dans la merde.

    Par exemple: Asha Greyjoy (vrai nom de Yara Greyjoy) n’est pas spécialement décrite comme laide, et même plutôt attirante, tout en ayant l’autorité nécessaire pour diriger un équipage d’homme.

    Quand à Brienne, qui est un vrai laideron (1m80, tâche de rousseur et qui louche), sa laideur est ce qui l’a poussé à prendre l’épée, sinon le personnage n’aurait pas eu de motivation initiale pour cela. (c’est un peu l’histoire du gosse de cadre ou d’ouvrier qui fait quelque chose de fondalement différent de ses parents, c’est rarement sans une bonne raison derrière…)

    Quand à Cersei, je me souviens d’un moment où elle discute avec Sansa alors qu’elle est totalement bourrée où l’on comprends bien que si elle avait été traitée à égalité avec Jaimes, tout ce merdier ne serait jamais arrivé…

    Le royaume de Dornes (je vais éviter de trop spoiler car je pense que les adeptes de la série n’en sont pas encore là): l’héritier est une héritière, et ses cousines connues sous le surnom d’Aspic des sables au nombre de 7 ou 8 nanas, sont décrites comme des guerrières redoutables (je ne sais plus si elles se battent en talons hauts et à vrai dire, je m’en fous). A noter qu’à Dornes (Province du sud de Westeros), le premier enfant à naitre est l’héritier quelque soit son sexe. Les dorniens se décrivent comme étant arrivé sur le continent de Westeros par la reine Nyméria. Dornes est décrite un peu comme le pays basque ou la Corse.

    Mon commentaire est un peu brouillon, mais pour le coup je suis un peu énervée.

  14. Lachesis février 10, 2013 à 6:31 #

    Voici aussi une longue interview de G.R.R. Martin (voir sur le sujet qui nous intéresse ici, le second paragraphe « Good Men Don’t Always Make Good Kings »), pour voir la pensée de l’auteur/réalisateur d’un épisode par saison.

  15. Delph mars 23, 2013 à 4:25 #

    Non non non et re non.

    Déjà pour se permettre une réelle critique de Game of Throne, je pense qu’il faut lire les livres, où les personnages sont dépeint de manière bien plus subtile (notamment grâce au procédé de narration).

    Ensuite, les personnages féminins sont peut être minoritaires, mais en terme de chapitres de narration dans le livre, je pense qu’on est pas loin du 50 -50 (chaque chapitre donnant le point de vue d’un personnage sur l’histoire).

    Et grand nombre d’entre eux sont non seulement complexes, mais dénoncent la souffrance que la société patriarcale médiévale impose.
    En fait, le monde de Game of Throne est sombre, violent, obscurantiste et patriarcal. Oui. Mais grâce à la finesse des personnages, on distingue en filigrane la souffrance que cette société génère.

    Vous parlez de Sansa, la jeune fille soumise et un peu sotte. Mais Sansa évolue énormément au fil de l’histoire et des épreuves qu’elle a à affronter. Sans jamais se masculiniser, contrairement à sa soeur Arya qui dès le début rejette les codes de la féminité pour mieux endosser ceux de la virilité (pas de critique, simple constat), elle tire plus ou moins bien son épingle du jeu, subi beaucoup plus qu’elle agit, mais je pense qu’il va falloir être attentif au rôle qu’elle va pouvoir endosser plus tard.

    Arya, elle, trace sa route de son côté, devient le leader du petit groupe qu’elle fait sortir de Castral Roc, prend son indépendance et s’affranchit de toute autorité masculine.

    Brienne nous donne un aperçut de ce que c’est d’être une femme qui ne correspond pas aux critères de beauté et qui a en plus le culot de vouloir être chevalier et de réclamer des titres d’homme. Avec une description de ce qu’est le harcèlement envers une femme qui s’affranchit des codes de la société.

    Daenerys est systématiquement écartée du pouvoir par ses rivaux (et même ses frères qui ne l’ont jamais perçue comme une éventuelle héritière) qui ne la considèrent au mieux que comme un incubateur à roi, mais c’est elle que Martin semble désigner comme appelée à regner, c’est elle qui accumule les victoires qu’elle ne doit qu’à elle même (oui elle a des conseillers, mais elle ne suit pas toujours leurs avis). Et, dingue, Daenerys a une libido et ses désirs qu’elle ne peut pas forcément assouvir car elle se méfie de son entourage.

    Cersei meurt à petit feu de sa frustration d’avoir été traitée si différemment de son jumeaux auquel elle ressemble tant (et à sa place j’aurais certainement réagi pareil 😉 ), mais sa cruauté et sa paranoïa tiennent tout autant d’une prophétie que lui a faite une sorcière, et qui lui prédit sa fin. Cersei aussi a une libido, mais incestueuse.

    Yara a certes pris la place de ses frères car ceux ci sont morts, mais à la mort de son père elle réclame le trône et ne l’obtient pas, mais ne se soumet pas pour autant à l’autorité du nouveau roi. Sa vie sexuelle n’est pas décrite mais les allusion qui y sont faites laissent penser qu’elle fait ce qu’elle veut quand elle veut.

    Margaery n’est certes pas le personnage le plus intéressant, mais sa grand mère la reine des épines est celle qui tient les rênes de Haut Jardin, son fils étant un bon à rien, ou presque.

    Et arrivent par la suite d’autres personnages féminins, dont les aspics des sables, filles d’un prince de Dorne qui les a éduquées loin des stéréotypes (certaines sont des guerrières qui ont fait leurs preuves), et leur cousine la princesse héritière de Dorne (parce qu’à Dorne, l’aîné est désigné comme héritier, qu’il soit fille ou garçon) a une vie sexuelle libre (oui Dorne a connut la libération sexuelle) et donne une idée de l’injustice qu’on peut ressentir quand on conteste vos droits de naissances en raison de votre sexe.

    Je mets tout de même un bémol: on échappe malheureusement pas au mythe de la mère (la mère des dragons entre autres, comme vous le faites justement remarquer). Mais le tableau est loin d’être aussi noir que vous le dites.

    Bref, je ne dirais pas que Game of Throne est féministe, mais que l’auteur laisse ses personnages féminins s’exprimer avec toutes leur complexité, leurs douleurs et leurs joies, et ne les cantonne pas dans des stéréotypes, contrairement à ce que vous affirmez. Il n’y a pas qu’une façon d’être femme

    Lisez donc les livres 😉

  16. Marine avril 17, 2013 à 5:34 #

    Bonjour,

    J’arrive un peu tard, je viens de tomber sur cet article et je voudrais apporter ma contribution. Je n’ai pas lu l’intégralité des commentaires, donc veuillez m’excuser si je répète un argument.
    J’ai découvert la série avant de découvrir les livres. Je me suis rapidement rendue compte, à ma lecture, que la série simplifiait l’intégralité des personnages. c’est un passage obligé, 10 épisodes de 45 minutes environs sont sensés représenter 1000 pages de roman, qui sont articulés en chapitres attribués chacun à un des personnages. ce ne sont pas toujours les mêmes personnages selon les volumes. Aussi, sur l’érotisme omniprésent dans les livre (je dis bien érotisme) les scènes sont décrites parfois subtilement, en quelques lignes, avec des mots choisis, ce qui est gâché dans la série, côté « visuel » oblige. Dans les romans, la part est faite à l’imagination, la scène est décrite, c’est forcément différent lorsqu’on vous balance des images à la tête (comme la scène lesbienne dans le bordel, qui soit dit en passant n’existe pas dans le livre). C’est pourquoi je pense qu’il faut nuancer l’argument, oui la série est beaucoup plus crue, et avec des images, on se retrouve dans la position d’un narrateur externe, c’est froid, mais dans les bouquins, chaque chapitre adopte un point de vue particulier. On se retrouve dans les pensées du personnage, ce qui donne plus de profondeur aux personnages, surtout dans cette atmosphère d’intrigues constantes, on peut discerner la différence entre ce qui est dit et ce qui est pensé. On voit Daenerys traverser des moments de doutes, qu’elle refuse de montrer, elle a 14 ans au début de l’histoire (les âges ont été modifiés dans la série), après la mort de Drogo, plusieurs offres de mariage lui sont faites, qu’elles décline souvent. Elle a une libido, elle apprend à maîtriser son désir, son plaisir. Catelyn souffre, et se rend compte qu’elle a commis une erreur. Arya n’a que 9 ans au début de l’histoire, Sansa 11. Ces femmes se battent avec les armes qu’on a bien voulu leurs attribuer. Il y a aussi le cas de Ygrid, la sauvageonne qui va séduire Jon. Je pense que ce personnage est extrêmement important dans la vision des femmes. Elle est très critique vis à vis des gens de l’autre côté du mur. Dans le livre, une allusion est faite à une contraception naturelle, qui permet aux femmes du Nord du mur d’avoir des relations sexuelles quand elles le veulent avec qui elles veulent, sans que ces relations soient enfermées dans le cadre marital. On se rend compte qu’il ne sont pas plus sauvages que les autres, le terme utilisé est celui de Libres. Ygrid ne prend pas les ordres d’un homme si ceux ci ne lui conviennent pas, elle n’hésite pas à se défendre violemment, à insulter si elle sent une quelconque forme de domination à son encontre. Cersei est pleine de rancœur, d’avoir été « vendue » comme un cheval à son mariage, d’avoir été traitée différemment par rapport à son sexe. Les personnages sont beaucoup plus subtiles dans les livres. Tout comme les hommes. Tyrion n’hésite pas à se faire passer pour un monstre aux yeux de sa sœur pour mieux protéger les intérêts des Lannister après, il refuse toute violence envers les femmes, et même s’il est souvent avec des prostituées, il considère souvent que beaucoup sont très cultivées et que leurs talents intellectuels sont gâchés.

    Bref, le conseil comme dit précédemment est de lire les livres 🙂

  17. tibug avril 23, 2013 à 9:31 #

    N’ayant pas encore lu les livres, mais fan de la série que j’ai découverte il y a peu, je trouve ça bizarre de trouver les personnages féminins manichéens, alors que c’est justement l’un des aspects de cette série que j’adore. On a – enfin – une série avec de vrais personnages de femmes multifacettes, et incroyablement fortes. La société dans laquelle elles vivent est profondément patriarcale, cloisonnée et abusive, et pourtant elles s’extirpent toutes du rôle auquel elles devraient être cantonnées, en utilisant le sexe pour celles qui n’ont pas d’autre arme à leur disposition.

    Illustrer le caractère caricatural des femmes de la série par l’ascension de Danaerys du statut de monnaie d’échange/esclave sexuelle à celui de reine est particulièrement amusant et mal ciblé. C’est un raccourci qui passe sous silence le fait qu’elle ne doit son statut de reine à la mort de Drogo qu’au fait qu’elle s’est hissée à ce rang : serait-elle restée une esclave qu’elle aurait simplement été celle d’un autre homme à sa mort. Elle commence par choisir de devenir une partenaire sexuelle active pour être l’égale d’un roi au lieu de n’être que l’instrument de soulagement d’un mari que sa condition de femme dans une société violente et patriarcale lui impose ; d’égale au lit elle prend ensuite la parole et impose sa volonté en tant qu’épouse du roi (quand elle réclame les femmes lors du raid) ; avant même sa mort, elle le supplante dans les décisions militaires (le départ en mer). Et avant qu’elle entre dans le bûcher, elle n’est pas reconnue comme reine par le reste de la tribu, qui dans sa majorité la renie parce qu’ils ne veulent pas des ordres d’une femme. Elle doit son ambition à son statut et sa lignée, pour le reste elle conquiert tout de haute lutte. Elle ne devient véritablement reine qu’en devenant la Mère des Dragons.

    D’ailleurs si j’avais un reproche à faire à la série, c’est plutôt l’inverse : les rôles des personnages qui auraient classiquement été les héros dans un roman d’heroic fantasy, à savoir les fils Stark, sont plutôt fades, et dans un degré différent, Jon Snow le bâtard restant plus creusé et présent que le jeune roi légitime, qui à part être jeune, brave et plutôt joli garçon, n’est pas spécialement dessiné, en tout cas pour l’instant – à voir sur la suite.

    Curieusement, chez les hommes, les caractères intéressants sont tous à l’égal des femmes, des personnages qui auraient dû être des laissés pour compte de cette société, les infirmes, les eunuques, les maquereaux, qui tout en respectant des rôles sociaux auxquels ils ne peuvent échapper, en tirent toutes les ficelles et en utilisent toutes les astuces pour les dépasser.

  18. Glolbiiiiii septembre 2, 2013 à 1:53 #

    C’est moi ou pour la plupart vous n’avez rien captées à la série, et cherchées de la merde sans là ou il y en à pas ?

    • tsz septembre 4, 2013 à 10:17 #

      Je crois que c’est toi.

  19. akua mars 31, 2014 à 3:35 #

    Je viens de voir le premier episode et le deuxième, et je suis juste dégoutée de la place faite aux femmes. Des ado regardant cette série, c’est plutôt dangereux. Toutes les scènes de sexe de ces 2 premiers épisodes consistent en défonçage, et en position levrette et soumission, que ce soit chez les prostituées, ou la nouvelle reine. Notre monde est pourri. Violence et porno pour hommes complétement orienté, c’est dommage parce qu’apparemment la série a d’autres qualités. Mais il faut vendre. Et notre société n’a pas de limites.

  20. Lidya avril 4, 2014 à 4:01 #

    Je ne suis pas du tout d’accord avec cet article. Déjà, c’est une époque moyenâgeuse, donc oui, le rôle des femmes est limitée, mais ce que l’on voit c’est plutôt leur combat pour se libérer de cette domination. Et franchement pour Daenerys, tu cherches la petite bête, je ne vois pas en quoi dire qu’elle est la « mère des dragons » est sexiste. Et en quoi le fait qu’elle se lance à la conquête du trône est sexiste ? Non mais là c’est un tissu d’ânerie. Bref, je suis aussi une féministe mais là clairement, je ne suis pas d’accord et je trouve au contraire le personnage d’Arya cliché et typique de l’héroïque fantasy et je préfère largement Sansa. Pourquoi ? Parce que contrairement à ce qui est sous-entendu, elle est loin d’être une gourde, elle observe beaucoup et même si elle a encore beaucoup d’épreuve à vivre, j’en suis quasiment sûre, elle gagnera en indépendance et surtout il est impossible de savoir à quoi elle pense. Pourquoi ne s’est-elle pas enfuie quand elle en avait l’occasion ? Parce qu’elle n’est pas aussi courageuse qu’Arya, parce que l’inconnu lui fait peur, ce n’est pas une question de servitude. Sansa a peur d’entreprendre des actions car elle évalue les conséquences, elle n’est pas impulsive mais réfléchie.

    Ensuite, je suis indulgente pour ma part, je pense que certains écrivains masculins ont tout simplement du mal à mettre en scène des femmes car ils sont avant tout des hommes et je suis certaine que l’inverse existe. C’est marrant que vous pensiez que les seuls personnages fort de la série sont des « garçons manqués »:

    Donc Arya, Ygrid et Brienne sont des garçons manqués ? Je ne comprends pas, vous vouliez quoi ? Qu’elles se battent sans armure, les cheveux au vent avec une robe en soie et un maquillage parfait ? Vous pensez que c’est réaliste, un coup d’épée et elles sont mortes. On le voit dans le combat Brienne/Jaime comment une armure peut être utile même si ça fait « garçon manqué ».

    Mais ce ne sont pas des clichés: oui il y a des prostitués, tout comme il y a des garçons manqués et des femmes au physique masculin (Brienne), tout comme il y a la rêveuse (Sansa), la garce (Cersei) et l’ambitieuse (margeary): Des femmes comme cela, il en existe plein. Des femmes jolies qui savent Eh bien il y a Shae justement, la prostituée, celle qui dit que personne ne l’a violera, celle qui cache un poignard sous ses jupes.

    Tout ce que je vois moi, c’est des femmes qui surmontent l’oppression quel quelle soit et chacune à leur façon et qui s’élèvent malgré une époque archaïque.

    Par ailleurs, je tiens à préciser que cette série a pour but de mettre en scènes les Humains dans leur pires vices, ça inclu le crime, la prostitution, le viol, la soif de pouvoir, l’inceste…… Cette série est dérangeante car elle montre les pires vices de l’homme et c’est comme cela qu’il faut l’a prendre.

    • Les Martiennes avril 4, 2014 à 4:05 #

      Merci pour cette réponse. Pour info, le post a été écrit seulement après la 1e saison. On ne connaissait pas les évolutions du personnage de Daenerys et Brienne n’était pas encore apparue, ni d’ailleurs les femmes Tyrell. Le sujet fait débat en tout cas!

  21. prince2phore février 2, 2015 à 8:19 #

    Mais qu’est-ce que vous avez contre la levrette ? je me demande…

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