Les femmes dominent-elles la comédie US ?

16 Sep


Comédie USÇa devait être un énorme coup de pub.
C’est finalement un énorme fiasco. Le dernier dossier de Vanity Fair aux États-Unis a révélé, à lui seul, le problème des médias et du cinéma américains, avec son absence criante de femmes. Dans le domaine culturel, la France n’est malheureusement pas en reste.

Sur un photo, dix présentateurs ultra-connus en costume posent, des verres à la main, l’air goguenard, devant l’objectif. Il n’y a pas plus cliché de l’entre-soi masculin, comme le décrit Les Nouvelles News. On dirait presque une réunion de club de mecs, où les femmes sont parfois encore exclues aux États-Unis. Le problème ? Le journaliste, auteur du dossier qui fait polémique, ne remarque que tardivement l’absence de femmes à leurs côtés. Un article dénoncé et moqué sur les réseaux sociaux.  Mais ce sont les déclarations du successeur de Jon Stewart à la tête du Daily Show, Trevor Noah, qui ont suscité le plus de commentaires. Rappelons que ce dernier s’était déjà illustré par des tweets jugés sexistes et antisémites. Aujourd’hui, il s’est de nouveau exprimé et considère en effet que les femmes « ont plus de pouvoir » dans le domaine de la comédie, citant Amy Schumer, Melissa McCarthy, Tina Fey, Amy Poehler.

Il est vrai que ces dernières explosent au box-office américain et sont devenues des références dans le domaine. Mieux, elles distillent un féminisme assumé, comme Tina Fey et Amy Poehler ridiculisant Bill Cosby aux derniers Golden Globes, ou comme Amy Schumer s’attaquant au sexisme d’Holywood. Mais suffit-il d’exister pour avoir du pouvoir ? Et si les femmes dominaient vraiment la comédie, pourquoi seraient-elles absentes de « ces late show », si populaires ? Cristina Cauterucci, sur Slate.com, décrypte les arguments du jeune présentateur. Trevor Noah cite notamment Melissa McCarthy vue dans Spy. La journaliste rappelle que l’actrice est bien loin des 100 personnalités les mieux payées, répertoriées par Forbes. On y compte d’ailleurs 17 acteurs pour… 4 actrices. Trevor Noah a surtout un conseil pour les femmes: il les encourage à attendre patiemment leur tour, qui viendra bientôt. On se permet fortement d’en douter.

L’intérêt de rapporter les paroles de Trevor Noah ? À lui seul, il représente tous les préjugés que l’on peut avoir sur les femmes et sur leur présence et leur pouvoir « supposé », dans les médias ou ailleurs. Les dernières études montrent que les femmes sont très peu présentes, qu’elles soient derrière et devant la caméra aux États-Unis. Certains ont la solution comme George Clooney et Sandra Bullock. Leur trouvaille ? Transformer les rôles écrits à l’origine pour des hommes en rôles pour des femmes. Révolutionnaire ou simple bon sens ?

En France, dans le milieu de la culture par exemple, on croit, comme Trevor Noah, que les femmes sont nombreuses. Or, le rapport de Reine Prat de 2009 prouve qu’on est très, très, très loin d’une quelconque parité. Selon le dernier rapport de la SACD, les chiffres sont toujours très éloquents. Pour n’en citer que quelques-uns: aucune femme ne dirige de Théâtres Nationaux. Seulement 15% des Maisons d’opéra sont dirigées par des femmes et à peine 4% des concerts et opéras sont dirigés par des femmes. Bref, un constat effrayant. Pour y remédier, la SACD propose de mettre en place des quotas pour que la part des femmes progresse de 5% par secteur et par an, et ce pendant les trois prochaines années. Car les femmes restent trop souvent invisibles. Et ça ne dérange personne, surtout pas les hommes déjà en place. N’est-ce pas Trevor ?

Charlotte Lazimi

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