Pas d’égalité de salaires à Hollywood

31 Mar
@TheHollywoodReporter

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Hollywood n’estime pas les femmes ? C’est la question qu’on est en droit de se poser lorsqu’on prend connaissance de la récente enquête du Hollywood Reporter. Le magazine a en effet répertorié les cachets des acteurs et actrices les mieux payés du cinéma américain. Non seulement il y a peu de femmes, 3 sur 10, mais les différences de montant sont notables. Par exemple, Leonardo DiCaprio a touché 25 millions de dollars pour Le Loup de Wall Street, quand Sandra Bullock ne gagne en moyenne que 20 millions de dollars par film.

Mais rien de nouveau sous le soleil. Chaque année ou presque, le constat reste le même. En 2013, selon les chiffres cette fois du magazine Forbes, la moyenne des salaires cumulés des 10 acteurs hollywoodiens les mieux payés était de 415 millions de dollars contre 224 millions de dollars pour leurs homologues féminines. En juin et juillet 2014, Robert Downey Junior était en tête du classement avec 75 millions de dollars contre 49 millions de dollars pour Sandra Bullock, déjà première femme du classement.

Plusieurs actrices se sont insurgées contre ce phénomène. Hilary Swank dénonçait dans le Guardian des différences de salaires injustifiables. Lorsqu’elle a partagé l’affiche avec Tommy Lee Jones pour The Homesman, l’actrice deux fois oscarisée aurait reçu, selon ses dires, dix fois moins que son partenaire. Cate Blanchett remarquait, elle, l’absence de rôles titres pour des femmes, en recevant en 2014 l’oscar de la meilleure actrice pour Blue Jasmine, un film centré sur une héroïne. Patricia Arquette, récompensée à son tour cette année par la prestigieuse statuette, en a profité pour demander à nouveau une égalité salariale, sous les acclamations de Meryl Streep. Rappelons qu’elle n’est atteinte dans aucun pays du monde, que ce soit dans le cinéma ou dans tout autre domaine. Enfin, Helen Mirren, dans le Guardian, estime aujourd’hui qu’il est plus difficile pour une femme de faire carrière qu’un homme, au cinéma comme à la télévision. C’est d’autant plus frappant lorsqu’on sait qu’elle fait partie des rares femmes, à 69 ans, à  encore trouver des rôles intéressants (avec Meryl Streep et Judi Dench). C’est en tout cas ce que déclaraient avec humour Tina Fey et Amy Poehler lors de la dernière cérémonie des Golden Globes de 2015.

Car les femmes restent trop absentes des têtes d’affiche. Étonnant, car leurs films sont très lucratifs. Des exemples ? Les séries Divergente ou Hunger Games, Cendrillon, Maléfique, Bridesmaid ou Gravity… Alors pourquoi ces exemples ne sont pas plus nombreux ? L’argument avancé pour justifier l’absence de femmes réalisatrices nommées aux Oscars, aux Césars ou au Festival de Cannes est toujours le même : il n’y en a pas ou alors elles ne sont pas assez compétentes… On se permet d’en douter. Il y a quelques semaines, l’absence aux Oscars de la réalisatrice de Selma, Ava Duvernay, a par exemple surpris toute la critique.

Mais les inégalités ne s’arrêtent pas là. Selon une étude de Marta Lauzen It’s a Man’s (Celluloid) World: On-Screen Representations of Female Characters in the Top 100 Films of 2013, seulement 15% de femmes font partie des protagonistes du Top 100 des films les plus vus. Elles ne représentent qu’ un tiers des personnages parlants en moyenne dans un film. Bientôt la parité? On en est encore loin. Sur les 100 films les plus vus, il n’y en a que 13% dans lesquels il y a autant ou plus de personnages féminins que masculins. Une étude confirmée par un autre rapport qui a fait grand bruit début 2015. Commandé par l’Institut Geena Davis sur le genre dans les médias, il dressait le même constat en matière de répartition des rôles. Surtout, il mettait en lumière les stéréotypes accolés aux femmes. Les femmes qui font carrière sont nettement plus sous-représentées à l’écran qu’elles ne le sont dans la vraie vie aux États-Unis. Pour le prouver, le site Business insider a réalisé une infographie qui montre les différences entre Hollywood et la réalité. Dans les films, les femmes occupent rarement des postes à responsabilité, comme si la vision d’Hollywood était restée bloquée il y a 20 ou 30 ans. Par exemple, les femmes médecins ne sont représentées que dans 15% des films, lorsqu’elles représentent aux Etats-Unis 30% de la profession. Cela devient inquiétant quand la fiction fonctionne comme un miroir déformant, avec des représentations dépassées des femmes en 2015. On attend du cinéma qu’il nous inspire, qu’il soit avant-gardiste, pas qu’il nous présente un monde qui n’est plus.

Charlotte Lazimi

@Businessinsider

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2 Réponses to “Pas d’égalité de salaires à Hollywood”

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  1. Le plein de liens – CamEpicenes - mars 18, 2017

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