Batho s’en va, la parité aussi

3 Juil
Delphine Batho et Jean-Marc Ayrault le 17 avril 2012 Google Images : cc Crédits Photo Mathieu Delmestre / Solfé Communications

Delphine Batho et Jean-Marc Ayrault le 17 avril 2012 Google Images : cc Crédits Photo Mathieu Delmestre / Solfé Communications

La nouvelle est tombée hier en fin d’après-midi : la ministre de l’Ecologie, Delphine Batho est limogée du gouvernement pour avoir critiqué publiquement  le budget de son ministère. Ce départ suscite depuis moult réactions, à gauche comme à droite. Jean-Luc Mélenchon parle de sexisme et de violence, tandis que Nathalie Kosciusko-Morizet s’interroge sur les méthodes de François Hollande, et que les chroniqueurs politiques analysent la mauvaise stratégie politique de la ministre de l’Ecologie, qui a joué et perdu. Delphine Batho devient presque une icône, celle de la « faible femme » pour certains, comme le remarque Rue89. Ils sont pourtant moins nombreux, parmi les hommes et femmes politiques, à signaler que la parité n’existe plus.

Car le nouveau ministre de l’Ecologie est  un homme. Il y a désormais 20 ministres hommes ( Jean-Marc Ayrault compris) et 18 ministres femmes dans ce nouveau gouvernement. La parité était pourtant une idée forte du programme présidentiel de François Hollande, contrairement à l’UMP de Jean-François Copé, qui a préféré payer des millions d’euros d’amende pour les législatives en juin 2012 plutôt que de respecter la loi. On se souvient de cette image d’un gouvernement vraiment paritaire. Ces photos qui pour une fois étaient vraiment mixtes. Une première en France ! Certes, cet affichage était loin d’être parfait, donnant une image presque en trompe-l’œil. Les femmes du premier gouvernement Ayrault étaient en effet nombreuses à être (seulement) secrétaire d’Etat. Et à l’Assemblée nationale, on est aussi loin du compte.  Mais on s’était aussi réjoui que cette parité gouvernementale dure, contrairement à la déconvenue de « l’affaire des juppettes »  en 1995. A l’époque, le gouvernement d’Alain Juppé avait nommé beaucoup de femmes (pas autant que les hommes), avant d’en licencier la plupart au premier remaniement quelques mois plus tard. La parité du gouvernement Ayrault, quant à elle, n’aura duré que 13 mois. C’est dommage.

Pourtant, il y a quelques mois, le départ de Jérôme Cahuzac, alors ministre du Budget, avait déséquilibré les choses en faveur des femmes. François Hollande s’en était d’ailleurs amusé le 20 mars dernier au Forum mondial des femmes francophones.  Le président  y avait déclaré : « Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault est paritaire… ah non, il ne l’est plus! Il y a désormais plus de femmes que d’hommes, puisque comme vous le savez un ministre nous a présenté sa démission et nous ne l’avons pas remplacé. Ce qui fait que dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault il y a aujourd’hui plus de femmes que d’hommes! ». Avant d’ajouter: « Mais ce n’était pas le but!« . La parité était-elle donc une parole en l’air ?

Pendant la campagne, François Hollande a beaucoup misé sur les femmes. Il était leur candidat, multipliant les promesses sur le temps partiel subi, la nécessité d’ouverture massive de crèches, les centres IVG, l’égalité salariale, un ministère des Droits des femmes, et bien sûr la parité. Si l’on attend encore la grande loi cadre sur les violences conjugales, on est en droit de se demander si un jour une parité durable verra le jour dans un gouvernement français. Hollande n’a pas eu la volonté de nommer une femme au poste de Premier ministre, occupé une seule fois par Edith Cresson en 1991. Espérons qu’il prendra ce risque avant la fin de son mandat. En attendant, suite et fin de l’épisode Batho jeudi à 15h. La député des Deux-Sèvres  a promis qu’elle dirait « tout » dans une grande conférence de presse. Vraiment tout?

Charlotte Lazimi

Une Réponse to “Batho s’en va, la parité aussi”

  1. Une Tete Bien Femme juillet 3, 2013 à 11:44 #

    A reblogué ceci sur Une Tete Bien Femme.

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