Sexisme quand tu nous tiens

19 Juil

Capture d’écran Cécile Duflot à l'Assemblée nationaleEn politique, le sexisme n’est pas nouveau. Révélé au grand public pendant l’affaire DSK, on aurait pu croire que l’arrivée de plus de femmes à l’Assemblée nationale (elles sont désormais 26,86%) et au gouvernement changerait la donne. C’est un échec. Petit florilège des derniers dérapages très décomplexés.

  • « Jamais sans ma robe »

Les faits: Porter une robe à l’Assemblée nationale peut s’avérer être un exercice dangereux… Cécile Duflot en a fait l’expérience mercredi, en arborant une robe fleurie, lors des questions devant l’Assemblée. Les railleries ont été immédiates dans l’assistance.

Ce que ça nous rappelle: Le 22 mai 1991, Edith Cresson, nommée récemment Première ministre, fait son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale. Avec sa veste à carreaux, sa voix haut placée et ses gestes quelque peu maladroits, elle suscite les blagues machistes des députés. On la compare même à un oiseau, oubliant presque qu’elle est la cheffe du gouvernement. Bilan: 21 ans plus tard, les choses ont-elles vraiment changé dans l’hémicycle ?

Réactions:  « J’ai été étonnée de ce niveau, a expliqué la ministre Cécile Duflot. Même remarque de Najat Vallaud-Belkacem, ministre du Droit des femmes: « Je me rends de plus en plus compte que le sexisme n’a pas de frontière. Nous devons, nous aussi, les responsables politiques, faire preuve de davantage d’exemplarité ». C’est raté! Pourtant, la lutte contre le sexisme en politique rassemble les femmes de gauche et de droite. Un exemple? Roselyne Bachelot qui affirme: « Chassez le sexisme, il revient au galop ». Laurent Wauquiez, a, quant à lui, défendu l’opposition, qui ne serait pas « macho », on se permet d’en douter.

Ce que ça nous évoque: L’argument avancé par ces messieurs pour se défendre de tout machisme? Toute originalité vestimentaire peut faire l’objet de moqueries. Bizarrement, seules les femmes en sont victimes. Et depuis quand la robe, la jupe ou les talons seraient des marques « originales »? Faut-il gommer toutes les caractéristiques « féminines » ou assimilées aux femmes pour être respectées?

  • « Pot de fleur »

Les faits: Fleur Pellerin servirait de « Pot de fleur », a remarqué le délicat député UMP des Côtes d’Armor Marc Le Fur, amateur des jeux de mots imagés. Pourquoi cette remarque?  Pour protester contre l’absence de la ministre lors des débats à l’Assemblée nationale, retenue pourtant au même endroit sur un autre dossier…

Ce que ça nous évoque: Fleur Pellerin serait donc une potiche. Un reproche souvent fait aux femmes qu’on accuse d’incompétence. Elles seraient de simples faire-valoir. Merci M. Le Fur pour cette belle leçon.

  • « C’est la plus jolie »

Les faits: Le site Streetpress a interviewé quelques députés sur leurs vacances, avec une question piège: « Avec quel adversaire politique partiriez-vous ? ». A ce jeu,  les deux gaganants sont Patrick Balkany et Patrick Ollier. Ils partiraient avec Aurélie Filippetti, « parce que c’est la plus jolie ». Patrick Balkany s’est d’ailleurs aussi exprimé sur la polémique de la robe de Cécile Duflot. Sa réponse est simple: « Nous n’avons pas hué ni sifflé Cécile Duflot, nous avons admiré. Tout le monde était étonné de la voir en robe.Elle a manifestement changé de look, et si elle ne veut pas qu’on s’y intéresse, elle peut ne pas changer de look. D’ailleurs, peut-être avait-elle mis cette robe pour ne pas qu’on écoute ce qu’elle avait à dire. »

Ce que ça nous rappelle: En mai dernier, la parité en avait fait jasé certains. Au premier rang, on retrouvait Eric Zemmour et Patrick Besson. Ce dernier avait eu l’élégance de comparer la parité à une « partouze », et affublant les femmes ministres de sobriquets insultants et rétrogrades.

Ce que ça nous évoque: Le problème réccurent de Patrick Balkany, c’est que l’orsqu’il parle d’une femme c’est d’abord pour évoquer sa beauté et son charme, rarement pour vanter ses compétences de ministre. Il donne l’étrange sensation que les femmes sont là pour être séduites, même lorsqu’elles occupent les plus hautes fonctions de l’Etat. C’est un grand classique, avait expliqué Mariette Sineau, chercheuse au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) et auteure de Femmes et pouvoirs sous la Ve Republique (Presses de Sciences Po, 2011) à FranceTV info:  » Les hommes politiques ont tendance à considérer les femmes comme des concurrentes déloyales, les renvoyant ainsi à leur corps et leur sexualité. Rappelez-vous de Ségolène Royal quand elle était candidate à la présidentielle en 2007. Ses camarades de parti lui avaient dit que mener campagne « n’était pas un concours de beauté ».

Charlotte Lazimi

3 Réponses to “Sexisme quand tu nous tiens”

  1. Béatrice Toulon juillet 19, 2012 à 1:58 #

    Un psy pourrait expliquer aisément que lorsque Marc Le Fur commence par affirmer à propos de F. Pellerin qu’il la croit tout à fait capable, c’est une façon inconscience de mettre le doute sur sa capacité…

  2. gentlemanw octobre 5, 2012 à 10:12 #

    Nos politiques, qui de plus sont de moyenne d’âge où les femmes sont encore considérés comme des « bobonnes , sert nous le café », donc nos politiciens sont honteux de ne pas se rappeler « EGALITE, fraternité,… ». Ils sont incapables d’appliquer une parité, de respecter leurs collègues féminines,

    Leur trouver des excuses, sûrement mais entre eux, car quand un homme comme M DEVEDJIAN traitait une femme connue de « Salope… » personne ne l’a sanctionné. Et il doit encore président de quelque institution publique.

    Non messieurs, vous êtes la honte.

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  1. Le vrai mec et la vraie fille au service du patriarcat | Les Questions Composent - août 9, 2012

    […] Les choses changent, et on voit même des femmes ministres. L’affaire de la robe bleue de Cécile Duflot a fait des émules, nous rappelant que certains hommes sont toujours prêts à remettre les femmes […]

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