Depuis quelques semaines, les attaques sur les droits des femmes se multiplient. Bien sûr, elles vont de pair avec une homophobie, un racisme et un antisémitisme décomplexé. Ce n’en est pas moins inquiétant.
Après « la manif pour tous » qui n’en finit plus, cette fois les attaques se tournent contre les femmes. Une modification de la loi sur l’IVG, qui supprime la « mention femme en détresse », et le camp anti-IVG reprend de la voix et des forces. Entre les prières devant les centres IVG et les sites pour décourager les femmes d’y recourir, les anti n’ont jamais cessé de combattre. C’est certain, les récentes déclarations du Pape qui parle d’acte qu’il a en horreur, les menaces de suppression en Espagne, et la restriction considérable dans certains Etats américains doit les faire rêver. Le combat pour l’IVG était même assimilé il y a quelques semaines au même niveau que « le droit à la pute » par les « 343 salauds ». Pendant la campagne présidentielle de 2012, Marine Le Pen n’a cessé de parler « d’avortement de confort », attaquant sans relâche l’IVG, souhaitant même son déremboursement. Un discours que tient aujourd’hui sa nièce Marion Maréchal-Le Pen. Et nous qui pensions que les grands combats étaient définitivement gagnés. Et bien, non. En matière de droits, notamment de droits des femmes, rien n’est jamais acquis.
Autre épouvantail, autre « théorie , qui veut faire passer le féminisme pour un fascisme, pour une dangereuse idéologie qui bouleverserait la société et « l’ordre naturel » ? La fameuse « théorie du genre ». Le hic ? Ce mot ne veut rien dire. Car il n’existe aucune « théorie du genre », puisqu’il s’agit en fait d’études du genre, c’est-à-dire « d’un champ de recherche interdisciplinaire ». Mais qu’importe. La preuve de cette ignorance ? Dans le 19.45 de Xaviers de Moulin sur M6, le 31 janvier dernier, un journaliste expliquait la théorie du genre ainsi : « C’est une théorie de Simone de Beauvoir, qui a dit: « On ne naît pas femme, on le devient ». Ce dernier expliquait ensuite, avec le plus grand sérieux, que les partisans de la théorie du genre pensaient que tout était échangeable entre filles et garçons « comme la couleur des yeux ». Si ce « journaliste » a probablement eu son diplôme dans une pochette surprise, il est révélateur de tous les fantasmes et les bêtises que l’on peut entendre sur le sujet. L’objectif ? Décrédibiliser le combat pour l’égalité. Quand l’ABCD de l’égalité veut permettre aux filles et aux garçons de choisir le métier qui leur plait, on crie au loup avec des soi-disant cours de masturbation, on parle aussi de « lobby LGBT ».
Lorsque nous avons créé le blog Les Martiennes, nombreux nous demandaient pourquoi nous étions encore féministes aujourd’hui. Malheureusement, les dernières polémiques leur ont donné une explication. En quelques semaines, les progrès pour plus d’égalité semblent avoir été stoppés net. Les féministes sont inaudibles, quand leurs opposants trustent les débats, sèment la peur à coup de textos délirants et nauséabonds. Nous aurions aimé que la classe politique toute entière s’élève un peu plus fort pour défendre l’IVG, aujourd’hui si difficile d’accès. Il aurait été préférable que les ambitions électoralistes ne prennent pas le dessus. Au lieu de nous expliquer que la gauche divise, pourquoi la droite républicaine n’a-t-elle pas fait preuve avec force d’un vrai courage pour dénoncer les dérives anti-IVG, l’homophobie, cette défense « d’une famille qui n’a jamais vraiment existé » ? Car lorsqu’on commence à grignoter les droits, c’est rarement pour s’arrêter en si bon chemin. Après le retour en arrière, le grand sursaut ?
Charlotte Lazimi
Oui, c’est incroyable mais un retour en arrière est en marche. En particulier du fait de lobby ( voir http://www.humanite.fr/sites/default/files/pdf/2013/2013-01-11invitation-paray-2012-2.pdf) très actifs pour conserver un « ordre » bien défini. Deux auteurs en analysent certains mécanismes à l’œuvre dans l’église catholique , source majeures de l’assignation des rôles et de l’inégalité entre hommes et femmes : Le Déni, enquête sur l’Église et l’égalité des sexes. Maud Amandier et Alice Chablis.
Wè, un mouvement d’opinions conservatrices à la « tea party » sauce frenchie fait entendre sa ou ses voix, sans que l’on connaisse vraiment son audience réelle dans ce pays. Ceci dit, je manifesterais au cotés des femmes, si leurs droits difficilement acquis, étaient mis en cause. Signé: un hétéro, la cinquantaine et provincial en plus : )
merci, partager, voilà le bonheur
retour en arrière ? vous avez déjà vu des retours en avant ?