Les sexistes ne prennent pas de vacances

7 Août
Alain Gérard Slama Flickr: cc crédits: fondapol / Photo prise le 6 novembre 2009

Alain Gérard Slama Flickr: cc crédits: fondapol / Photo prise le 6 novembre 2009

Cette remarque aurait pu passer inaperçue. Dans l’émission sur RTL On refait le monde, le professeur et chroniqueur Alain-Gérard Slama se lâche dans la cinquième minute. L’objet de son courroux: la nouvelle loi sur le harcèlement sexuel. Il dénonce en effet le « harcèlement », dont il est, lui, victime dans la rue. Il parle bien sûr  « du harcèlement visuel » en ce chaud mois d’août, à savoir « ce que je vois dans la rue », c’est-à-dire « les jupes courtes ».

Repris par le présentateur, il persiste :  « Je ne plaisante qu’à moitié ».  Le chroniqueur regrette cette loi pas « claire ». Les coupables: la gauche qui continue « à faire du contrôle social », à mettre en place des mesures « de l’ordre moral ». Ces déclarations sont amusantes, car elles tombent pile au moment où une vidéo sur  le sexisme ordinaire fait le buzz sur le web. Si vous l’avez ratée, une jeune cinéaste belge s’est filmée dans les rues de Bruxelles, en jupe et talons. Elle y fait l’objet de quolibets. Véritable déclic pour les internautes, ces dernières ont aussi témoigné en masse de leur expérience.

Autre remarque, pour Alain-Gérard Slama, cette loi contre le harcèlement sexuel serait « de droite », et pas de gauche. En ligne de mire, le gouvernement qui s’attarderait sur des faux problèmes. Première nouvelle, les punitions de délit ont une couleur politique.

Ce qui nous inquiète dans ce discours, c’est la confusion qu’il tente d’apporter sur le harcèlement sexuel et sur le viol. Sa logique est simple. Les victimes ne sont pas celles qu’on croit. Les femmes sont les bourreaux, les tentatrices. Et les violeurs et les agresseurs seraient les victimes. Si des femmes sont violées ou harcelées, c’est toujours cette idée qu’au fond, elles l’ont bien cherché. Ce discours est habituellement celui de l’offenseur. On est presque étonnée de le retrouver dans la bouche d’Alain-Gérard Slama. Car depuis l’affaire DSK, de nombreuses mobilisations se sont organisées pour lutter contre ces stéréotypes d’une femme « tentatrice et forcément coupable », à commencer par la récente campagne  du Collectif féministe contre le viol qui déclarait « Rien ne devrait innocenter un violeur », ou encore il y a un peu plus d’un an déjà les marches des salopes.

Apparemment les sexistes, (notamment à l’Assemblée nationale ) ne prennent pas de vacances. Une recommandation, qui sonne  comme des devoirs de vacances pour M. Alain Gérard Slama: regarder pendant ce mois d’août le  beau film égyptien les femmes du bus 678. Cela devrait le faire réfléchir.

Charlotte Lazimi

19 Réponses to “Les sexistes ne prennent pas de vacances”

  1. Bert août 7, 2012 à 1:49 #

    Comment peut on se sentir « harcelé » par le fait que des nanas soient habillées « court » dans la rue? Comment peut on considérer à ce point les nanas comme des objets de désir au point de ne pas pouvoir supporter de deviner une partie de leur corps, ou de le voir?
    Se sent-il « harcelé » à la plage? A la piscine? Par les pubs de soutien-gorge?

    Il n’y a pas de liens entre une fille habillée sexy et le viol ou le harcèlement, mais il y en a un entre la même fille et la misère sexuelle de certains mecs, ou leur gros déficit d’éducation…Leur mamn, au lieu de leur dire « tu seras un homme, mon fils », aurait peut être du leur faire comprendre que les nanas étaient d’abord des êtres humains, et non d’abord des objets de désir sexuel. A moi Simone et Marguerite, bon sang, quelle régression, de la part de ce vieux réac!

  2. Laurent août 7, 2012 à 2:32 #

    Bonjour,
    Merci pour cette info. Je reste scotché par la finesse de raisonnement de ce chroniqueur. Au sujet du film, un point de vue intéressant :
    http://www.garance.be/cms/?Femme-de-la-rue-un-documentaire
    Amicalement

  3. Conall (@ConallOg) août 7, 2012 à 2:53 #

    Ben oui, basiquement, il y a certainement une part de victimes parmi les violeurs. Des personnes (dans leur écrasante majorité masculines) qui ne parviennent pas à contrôler leurs pulsions. Sauf que dans le cas présent, quand on commence à se sentir harcelé dans la rue parce qu’il y a des jupes courtes, et qu’on ne peut plus se tenir, la première chose à faire est de rentrer chez soi pour se branler sur youporn histoire de calmer le jeu. Et si ça marche pas, on consulte. Parce qu’accuser les femmes, sur le coup, c’est non seulement de la lâcheté, mais aussi un monstrueux renversement de situation.

    Malgré cela, cet abruti soulève tout de même, probablement sans le savoir, un épineux problème lié au harcèlement de rue, à savoir qu’en réalité, il y a souvent une victime mais pas de coupable. Face à la levée de boucliers que devrait logiquement provoquer cette phrase, je m’explique : une femme, qui en dix minutes de trajet entend 5 remarques salaces sur son physique peut légitimement se sentir harcelée. Mais si les remarques émanent de 5 imbéciles différents, aucun n’est coupable de harcèlement. Le harcèlement suppose en effet une répétition dans les faits. Et là, la femme a subi cette répétition, mais aucun coupable ne peut être désigné. Tout ça pour dire que je doute que la loi soit en mesure de faire grand chose pour vous, les filles. Mis à part l’éducation ou la violence, je vois mal comment freiner le phénomène.

    M’enfin vous savez certainement mieux que moi que qu’il faudrait faire.

    • Bert août 7, 2012 à 3:34 #

      Sans entrer dans le débat de la pénalisation possible de la bêtise, je souhaiterais ajouter que le harcèlement n’est pas la seule incrimination possible dans ces cas là. Insultes, menaces, peuvent aussi être invoquées. Évidemment, il sera trop difficile de porter plainte dans la majorité des cas, mais ça montre que ce type de comportement va au delà du sexisme « habituel ».

  4. Pascal Rousse août 7, 2012 à 4:59 #

    Moi j’aime les femmes en jupes, courtes, longues, demi-courtes, à peine longues, etc., dans la rue : ça me les fait admirer, surtout pas les harceler.

    Slama est un con institutionnel : une espèce assez coriace.

    • Judith Stein Mai 20, 2014 à 9:01 #

      Merci !

  5. Deckard août 17, 2012 à 7:04 #

    Bonjour, je vous ai entendu à la radio ce matin. Je trouve que vous manquez de bagage intellectuel pour être réellement intéressantes. Comme beaucoup avant vous, vous ne dépassez jamais la défense corporatiste de vos semblables, vos articles relèvent et dénoncent sans jamais rien expliquer. Enfin sachez que la presse féminine (et son équivalent masculin type FHM) est considéré intellectuellement comme du sous-journalisme. Elle est ainsi méprisée par n’importe quel journaliste du Monde ou du Figaro par exemple.
    Bon courage…

    • Deckard août 17, 2012 à 9:50 #

      Désolé pour les quelques fautes d’orthographe de ce commentaire, à mettre sur le compte de la taille de l’écran de mon iphone et par l’heure matinale…

  6. juliogonzalez0274 août 17, 2012 à 7:20 #

    La Cantabrie est une société matrilinéaire dans une Europe patriarcale !avec l’arrivé de l’église la société des prophétesses a disparut ! Dans une société ou les femmes sont les guides du groupe les force naturel sont la nature et les animaux. Dans la société Cantabre les hommes était des guerriers et avais du prestige, mais ne détenez pas le pouvoir. La femme prophétisée hérité les terres elle était la sorcière la guérisseuse, elle était aussi agricultrices et artisanes ; cette société perdure encore dans certain village de la Cantabrie ! Dans la société matriarcal l’enfant et de la mère le père et parfois inconnu, il est l’enfant de la maison de la mère ; avec l’arrivais de l’église et ça moral l’enfant doit avoir un père et ils ont changé les règles, l’église a était une véritable catastrophe pour les sociétés et un foyer d’intolérances !

  7. Dominique Le Bourse août 17, 2012 à 7:51 #

    Ce type de raisonnement ne conduirait-il pas à voiler toutes les femmes ?

  8. Stéfanie août 17, 2012 à 11:59 #

    L’histoire du violeur victime de l’immonde femelle tentatrice ça ne tiend pas du tout , et cela pour une raison simple : Ce qui exite le violeur c’est la peur , la souffrance , la terreur de sa victime … Ce qui exite le violeur c’est la toute-puissance qu’il posséde sur sa victime …

  9. Stéfanie août 17, 2012 à 12:15 #

    Lorsque des hommes veulent humillier un autre homme ils vont le « féminiser » par leurs insultes , genre : femelette! gonzesse! chochotte! ….
    Lorsque des hommes vont violer un autre homme , ils l’auront tout d’abord « féminiser » pour pouvoir le dominer et le posséder par le viol …
    La domination du masculin sur le féminin est donc totalement inscrite dans l’ordre social jusque dans ses pires maniféstations comme dans le cas des viols …
    Le violeur est donc toujours dans une position de « masculin » et sa victime quelque soit son sexe dans la position du « féminin » …
    Cela devrait beaucoup plus révolter les hommes cette assignation des sexes masculin-féminin aux rôles de bourreau-victime comme une fatalité sociale , mais ….. mais « on » preferre penser que cela serait non pas dans l’ordre social mais dans l’ordre naturel et qu’ainsi « on » n’y peut rien ….

  10. Valicka août 17, 2012 à 2:55 #

    et là aussi,
    http://payetashnek.tumblr.com/
    le problème c’est nous ? j’hallucine qu’on en soit encore là ….

  11. Stéfanie août 21, 2012 à 4:19 #

    Avec les déclarations de Todd Akin , ce républiquain américain , est ce qu’on touche le fond du délire sexiste ?… Sans doute pas hélas , mais partout dans le monde les droits des femmes semblent reculer à toute vitesse .

  12. monde indien septembre 1, 2012 à 9:26 #

    On peut tergiverser 1000 heures sur ce qui pousse au harcèlement ou au viol , encore 1000 heures sur la séduction et le charme – ô combien !! – des mini jupes et autres atours –
    On pourrait aussi penser à ce qui fait que d ‘ autres modes de relation existent , où le désir peut être réciproque , où le respect est immense , où la confiance et l ‘ insouciance existent , et les rires , et la liberté . . .
    Se mettre à reparler de l ‘ amour , de l ‘ amitié .
    Connaître le bonheur de dire  » je t ‘ aime  » , entièrement .
    Si tu aimes cet oiseau , comment peux tu le mettre en cage ? réduire ses libertés ?
    Celle que tu aimes , comment peux tu la maltraiter ?
    Mais certains êtres / des femmes aussi / ne connaîtront jamais çà ! !
    Certains animaux aussi ne fonctionnent peut être que dans ce type de violences et de dominations ! ?
    Alors quoi ?
    Rencontrer ceux et celles qui fonctionnent comme nous !
    Quel bonheur !
    LovE

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