A la recherche de la troisième vague

28 Déc

We can do itLe 28 décembre sera diffusé sur Public Sénat un documentaire intitulé « La dernière vague du féminisme  », dans lequel nous sommes interviewées. Blogueuses et féministes, nous incarnons à notre manière cette fameuse troisième vague, qui succède selon certaines historiennes à celle de la conquête de la citoyenneté, puis à la conquête de la contraception et du droit à l’avortement.  Si cela nous a intéressées de tenter de définir cette troisième vague, il faut bien reconnaître qu’elle est très difficile à décrire, tant elle est hétérogène.

Elle est hétérogène de fait, car des Femen au planning familial en passant par La Barbe, Osez Le Féminisme et la blogosphère, il y a une multitude d’expressions des revendications. Les querelles de chapelle sont nombreuses, et contrairement à ce que l’on pourrait penser, le féminisme est loin d’être un mouvement monolithique et uni. Les positions sont souvent antagonistes entre deux écoles féministes différentes, il n’y a qu’à voir les échanges virulents qui ont eu lieu autour de la proposition de loi sur la prostitution.*

Mais il semblerait que cette dernière vague soit encore plus difficile à identifier pour les personnes extérieures à tous ces mouvements. Nous le constatons régulièrement quand nous demandons à quelqu’un qui nous interroge sur notre féminisme, ce qu’il met dans ce concept. Bien souvent, les mots « chiennes de garde », « agressives », « énervées », « anti-hommes » font partie des réponses. Le féminisme est toujours mal identifié, même à notre génération.

C’est pour cette raison que nous avons décidé d’ouvrir, il y a plus de deux ans, le blog des Martiennes: pour essayer d’exprimer un point de vue parmi tant d’autres sur le féminisme de notre époque. Au fil de nos posts, nous essayons de faire écho aux préoccupations des jeunes femmes de notre génération, pour qui le MLF appartient aux livres d’histoire, qui ont été biberonnées aux discours d’égalité et de mixité, mais qui voient bien que la réalité est plus complexe. Nous essayons aussi de parler des jeunes hommes, qui ont eux aussi été élevés dans la mixité et les valeurs d’égalité. Il est parfois plus dur pour eux de se rendre compte du chemin qui nous reste à parcourir pour nous débarrasser des schémas patriarcaux, qui font tant partie de notre culture.

Ce qui est certain, c’est que la troisième vague est connectée, médiatique et internationale. Aujourd’hui les féministes sont l’un des groupes les plus influents sur Twitter, capables de mobiliser une communauté en un rien de temps si un sujet de l’actualité l’exige. Les Femen, qui divisent autant qu’elles enthousiasment, ont remis le happening féministe sous les feux des projecteurs, et redonnent, quoi qu’on en pense, un côté moderne à ce qui apparaissait il y a encore dix ans comme un engagement poussiéreux. Enfin, les femmes du monde entier, de l’Inde à l’Egypte en passant par les Etats-Unis ou l’Italie, se servent du Web et des médias pour échanger, publier, informer sur les inégalités hommes-femmes qui persistent partout sur la planète.

Troisième vague ou pas, le féminisme est plus que jamais d’actualité. Parce que les conquêtes ne sont pas terminées, parce qu’on avait cru que c’était gagné, parce que l’égalité est un combat de chaque instant, même en 2013.

Myriam Levain

* A lire Le féminisme au-delà des idées reçues de Christine Bard et Le féminisme en Europe 1700-1950 de Karen Offen

Une Réponse to “A la recherche de la troisième vague”

  1. Ariane Beldi décembre 28, 2013 à 1:57 #

    Reblogged this on Bloggo ergo cogito et sum and commented:
    Je crois que ce billet des « Martiennes » résume assez bien les perceptions du féminismes, que ce soit au sein des mouvements se revendiquant du féminisme ou par nos concitoyen(ne)s en général. Et il sera naturellement intéressant de visionner le documentaire auquel il est fait référence!

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