Tiens toi droite: quand cinéma rime avec féminisme

26 Nov
D.R.

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Ce film de la réalisatrice  Katia Lewkowicz est un aperçu des injonctions que subissent souvent les femmes. Le féminisme y est assumé et subtil, quoique parfois un peu anxiogène.

C’est un film féministe qui s’assume

« Je n’ai aucun problème avec le mot, nous expliquait fin novembre la réalisatrice  Katia Lewkowicz. C’est un film sur les injonctions dans lequel j’ai voulu faire passer des émotions ». Cette déclaration fait du bien à entendre, surtout quand on se souvient de la promo déconcertante et consternante de Sous les jupes des filles d’Audrey Dana, dans lesquelles les actrices se défendaient de tout féminisme. Idem pour la promo  des héroïnes de l’autre série à succès de Netflix, Orange is the new black. L’écueil ? Le féminisme est encore et toujours assimilé à tort à un extrémisme. A travers le destin croisé de trois femmes, le film réussit le tour de force d’aborder le thème le plus fort: l’injonction d’être belle.

C’est un film où il n’y a (presque) que des femmes

L’ennui avec de nombreux films, c’est qu’ils sont (trop) souvent joués, écrits et réalisés par des hommes. Les femmes y ont un rôle très secondaire. Elles attendent souvent le héros, parti sauver le monde, ou encore, elles espèrent qu’ils les sauveront elles de la solitude. Dit comme ça, cela peut paraître caricatural, mais c’est le scénario, à quelques nuances près, de beaucoup de films d’action, que ce soit des opus de super héros ou des déclinaisons de James Bond. On finit même par ne plus le remarquer. Ici, il n’y a pratiquement que des femmes. Tous les personnages principaux sont des femmes. On retrouve quand même les excellents Jonathan Zaccaï et Michaël Abiteboul, aux côté de Marina Foïs, Noémie Lvovsky et Laura Smet. C’est rafraîchissant et aussi innovant qu’ inattendu.

C’est un film actuel

Depuis les rumeurs sur la soi-disant théorie du genre, qui, rappelons-le encore, n’existe pas, ou encore le bras de fer contre les ABC de l’égalité, la question de ce qui fait la féminité et la masculinité est au cœur de nos interrogations. D’autres films se sont penchés sur ce vaste sujet, comme l’excellent Tomboy de Cécile Sciamma et bien sûr son non moins excellent Bande de filles. Tiens-toi droite parle de ressenti, d’émotion et des injonctions de ce que vivent et subissent les femmes sans s’en rendre compte. C’est parfois anxiogène. On ne comprend pas forcément tous les éléments du film, tant les symboles sont nombreux, comme  le personnage de cette grand-mère muette et qui semble sénile, mais qui représente la « femme de demain » si nous les femmes ne prenons pas garde à défendre leurs droits. Une des scènes du film Tiens toi droite dans laquelle on interroge des petites filles sur le physique de leur poupée idéale fait écho à un court métrage du Nikon Film Festival Je suis Louie. Dans ce dernier, on interroge aussi des fillettes de moins de dix ans pour jouer le rôle « d’une gentille petite fille mais pas jolie ». Toutes préfèrent incarner la méchante, si cela signifie ne pas renoncer à leur beauté. Effrayant. Ce film et cet autre court-métrage ont le mérite de nous forcer à réfléchir. C’est nécessaire, à l’heure où une personnalité politique de premier plan, le président turc Recep Tayyip Erdogan, vient encore de déclarer que la femme ne peut pas être l’égale de l’homme.

 

Charlotte Lazimi

Une Réponse to “Tiens toi droite: quand cinéma rime avec féminisme”

  1. Marie-Torne novembre 26, 2014 à 3:13 #

    On a encore un sacré boulot d’éducateurs à fournir.
    C’est bien, les films parce qu’il ne faut pas tout attendre des politiques.

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