Eugénie Bastié, Eric Zemmour, décryptage du discours antiféministe qui fascine les médias

25 Mai
crédits: creative common/Dalymotion (capture)

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La recette semble simple. Homme ou femme, jeune ou vieux, l’ennemi des droits des femmes a toujours la même rhétorique: un discours ultra-conservateur, homophobe et misogyne. C’est peut-être ce qui fascine les médias. Ce dernier accuse les féministes de tous les maux. Soit il estime qu’il n’y a pas d’inégalités entre femmes et hommes. Soit, il considère que l’inégalité est le meilleur système. Les Martiennes ont décidé de décrypter ses arguments, souvent insidieux et subtils, mais qui n’ont qu’une ambition assumée: décrédibiliser et combattre les avancées en faveur de l’égalité.

Ce que le ou la chroniqueur/journaliste ultra-conservateur dit: « Il n’y a pas de sexisme en politique. En raison d’un comportement (cf Denis Baupin, Michel Sapin pour les plus récents), on accuse une classe politique irréprochable.»

Les faits : Depuis l’affaire DSK en 2011, le sexisme, harcèlement sexuel et agressions ou viols sont vigoureusement dénoncés par les femmes politiques, de droite comme de gauche, les collaboratrices de personnalités politiques et les journalistes. Les récents scandales mettant en cause Denis Baupin ou Michel Sapin sont le prolongement d’autres affaires emblématiques, comme celles de Georges Tron, de DSK, mais aussi d’Eric Raoult, sans oublier les épisodes du caquètement à l’Assemblée nationale, des sifflements de la robe de Cécile Duflot, etc…

Ce que le ou la chroniqueur/journaliste ultra-conservateur dit: « Le harcèlement sexuel est un concept flou. Avoir des gestes déplacés, ce n’est pas bien grave. »

Les faits : Le harcèlement sexuel (et le harcèlement tout court) est un délit condamné par la loi du 6 août 2012. «  Le harcèlement sexuel est le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle qui : – portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, – créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante.

« Est également assimilé au harcèlement sexuel le fait, même non répété, d’user de toute forme de pression grave, dans le but réel ou apparent d’obtenir un acte de nature sexuelle, pour soi-même ou pour un tiers. »

Les conséquences du harcèlement sexuel, comme des agressions sexuelles et viols ont des conséquences à long terme sur les victimes, qu’il ne faut pas sous-estimer. Ces comportements sont intolérables.

Ce que le ou la chroniqueur/journaliste ultra-conservateur dit: « Les remarques ou gestes déplacés ne relèvent que de l’humour potache ou de l’esprit de séduction à la française. »

Les faits : L’agresseur n’a qu’une ligne de défense en cas d’agression sexuelle, de viol ou de harcèlement sexuel: l’acte serait toujours consenti. Lorsque Michel Sapin claque la culotte d’une journaliste, c’est « pour s’amuser ». Étonnamment, ça ne fait rire que lui. Il a oublié la tribune des journalistes qui dénonçait les agissements de personnalités politiques. Pourtant, le principe de l’humour est simple. On ne rit pas de quelqu’un ou quelqu’une, mais avec elle. Sinon, il s’agit de moquerie, de raillerie, et non plus d’humour. Les dérapages délictueux de la classe politique ne sont bien sûr pas spécifiques à la France. Mais seuls les hommes politiques français revendiquent « une séduction à la française », en dépit des tribunes répétées, lancées par des journalistes et des femmes politiques excédées pas ces comportements.

Ce que le ou la chroniqueur/journaliste ultra-conservateur dit: « La France va devenir les États-Unis, à cause des féministes. On ne pourra plus regarder une jolie femme sans passer par la case prison.»

Les faits : Encore une fois, la situation n’est pas comparable. En France, les mentalités évoluent et le sexisme est depuis quelques années brocardé. Et heureusement! Le regard porté sur les Etats-Unis est faussé. Il répond à un cliché erroné. Si le puritanisme peut apporter des dérives ou des excès, il ne s’agit guère du féminisme. La culture du viol encourage des comportements inacceptables. Les victimes sont considérées comme coupables et les agresseurs comme victimes. Une situation regrettable.

Ce que le ou la chroniqueur/journaliste ultra-conservateur dit: « Les féministes organisent un complot pour faire croire qu’il y aurait une domination patriarcale et que la société serait contre les femmes. »

Les faits : Si l’on prend seulement l’exemple de la France, après deux révolutions, celles de 1789 et de 1848, les femmes n’ont pas obtenu le droit de vote (présenté pourtant comme universel). Lorsque la plupart des pays d’Europe accordent le droit de vote entre 1919 et 1921, il faut attendre 1944 -et par décret-que les femmes obtiennent le droit de vote. Quelques dates à rappeler: pas d’autorisation de posséder un compte en banque sans l’autorisation de leur mari jusque dans les années 60, pas le droit d’aller à l’école, ou à l’université (1880), ou dans les grandes écoles (Polytechnique s’ouvre aux femmes en 1970…). La liste est longue et loin d’être exhaustive. Les droits des femmes sont récents, sans parler du droit à la contraception, à l’IVG ou la condamnation du viol conjugal au début des années 90. De plus, du chemin reste à parcourir, en termes d’égalité professionnelle, salariale, de représentation dans les sphères de pouvoir, de lutte contre le sexisme.

Ce que le ou la chroniqueur/journaliste ultra-conservateur dit: « Les féministes veulent transformer les hommes en femmes et les femmes en hommes. Mais je célèbre la féminité. Nous sommes différents !»

Les faits: Le féminisme, c’est le combat pour l’égalité entre femmes et hommes. Les différences biologiques sont évidentes. Les hommes ont un pénis. Les femmes un vagin. Cela dit, ce n’est pas déterminant dans le caractère, le choix d’un métier ou d’une fonction. Contrairement aux déclarations de John Gray, auteur de son ouvrage Les hommes viennent de mars, les femmes viennent de Vénus, rien n’est défini biologiquement. Selon la neurobiologiste Catherine Vidal, lors d’un IRM, il est impossible de savoir si un cerveau appartient à un homme ou à une femme. La société impose des codes, des normes. Certaines qualités seraient « féminines » et d’autres « masculines » selon ces théories. Mais estimer que la douceur, la discussion sont des qualités féminines n’a aucune valeur scientifique, ou même empirique. Lorsqu’on regarde l’éducation, les contes pour enfants, de nombreux comportements sont transmis par la société elle-même.

Ce que le ou la chroniqueur/journaliste ultra-conservateur dit:  « Les femmes ne se déclarent pas comme féministes. C’est parce qu’il s’agit d’un extrémisme »

Les faits: Depuis que les femmes se sont battues pour obtenir le droit de voter, de travailler avec une rémunération décente, d’étudier… les ennemis des féministes les ont accusées d’avoir des combats  « contre-nature », de « vouloir prendre la place des hommes ». Leur stratégie ? Pour tuer le message, il s’agissait d’accuser celles qui le portaient. Ainsi, le mot féminisme a toujours eu mauvaise presse à cause de ses détracteurs. Pourtant, demander l’égalité des droits n’est pas un extrémisme. Le féminisme a vocation à disparaître quand hommes et femmes auront les mêmes chances et les mêmes opportunités.

Dommage que les médias tombent souvent dans ce piège et invitent régulièrement ces personnalités ultra-conservatrices, soutenues par l’extrême droite, les milieux traditionalistes anti-IVG, les sites fascistes, xénophobes, homophobes, racistes et misogynes.

Charlotte Lazimi

9 Réponses to “Eugénie Bastié, Eric Zemmour, décryptage du discours antiféministe qui fascine les médias”

  1. sabine sauret Mai 26, 2016 à 8:58 #

    le féminisme n’est pas un extrémisme c’est un humanisme

  2. Anna Mai 26, 2016 à 4:23 #

    Merci pour cet article sans aucunes références sur les propos des journalistes que vous fustigez !

  3. steph Mai 30, 2016 à 3:00 #

    Bonjour,
    je réagis à un élément de votre article :
    > « Les différences biologiques sont évidentes. Les hommes ont un pénis. Les femmes un vagin. »

    Ceci est inexact : il n’est pas nécessaire d’avoir un pénis pour être un homme et un vagin pour être une femme, ou tout autre attribut génital primaire ou secondaire traditionnellement attribué à un genre ou l’autre. Il y a incontestablement des différences biologiques entre individus, mais qui ne déterminent pas forcément le genre de ces personnes : déterminer le genre d’une personne en fonction de ses attributs génitaux, cela aussi c’est une norme de la société imposée aux individus. Et bien entendu, « homme » ou « femme » ne sont pas les seules options possibles autant au niveau du sexe que du genre, car il y a des personnes intersexes et des personnes de genre non-binaire. Un féminisme inclusif inclut les personnes trans et intersexes, agenrées, de genre binaire et non binaire.

    • sabine sauret juin 1, 2016 à 9:20 #

      Absolument , merci pour ce commentaire…

    • Titine août 9, 2016 à 11:52 #

      N’importe quoi. La dysphorie sexuelle est une maladie mentale. On est pas obligé d’embrayer dans leur délire. Homme ou femme c’est une caractéristique biologique, de cela s’ensuit une socialisation genrée qui correspond à son sexe biologique. Les personnes qui ont une dysphorie de sexe peuvent toujours prétendre qu’ils ont un cerveau de l’autre sexe, cela n’existe pas, comme signalé dans l’article. Le genre est un système social rigide de stéréotypes et de prescriptions comportementales qui n’est lié au sexe que culturellement on peut donc être de sexe féminin et rejeter la socialisation féminine et tout ce qui est associé au « genre féminin » on en reste pas mois une femme. Pareil pour les hommes. Faut arrêter avec les les lady penis et autre délire… Un pénis n’est pas et ne sera jamais féminin malgré toute l’insistance que pourra développer son propriétaire pour expliquer que son esprit est celui d’une femme, c’est délirant (et ce n’est pas un sarcasme).
      Le principe de changer de sexe pour adopter les comportements attendus et les stéréotypes associés à l’autre sexe est absolument fou ! Dans le sens de la maladie mentale. On ne choisit pas son sexe, c’est une donnée biologique. On peut rejeter la socialisation et les obligations sociales qui vont avec, on en reste pas moins un être humain de sexe masculin ou féminin. Dans ce cas là il faut combattre le système social de genre et non pas adopté celui de l’autre genre en prétendant être ‘du mauvais sexe ».
      Le cas des personnes intersexes étant encore à part.

  4. Néo juin 28, 2016 à 2:28 #

    On peut comprendre les raisons actuelles des personnes qui adhère aux doctrines du féminisme de troisième génération. Du moins, on peut essayer. Le genre, se construit en fonction des repères d’identifications de l’autre à soi, et de narcissisme (soi à soi) dans le meilleur des cas – et pour une suite plus heureuse pour la personne – il le sera en adéquation d’avec son sexe… Parce que oui, il est une chose empirique contre laquelle la raison butte : Il faut un homme et une femme pour procréer et fondée une famille en adéquation (et oui, c’est ce mot..) de filiation réelle avec un homme, et une femme.

    Dans un second temps, le désir masculin et féminin, c’est pas le même… également les modes de séductions qui en découlent. On remarquera que ce désir est imité par certaines personnes homosexuelles, elle s’enfermeront justement dans le stéréotype qu’elles se représentent (Un nana super virile, un homme ultra féminisé), c’est donc que l’économie des stéréotypes n’est pas forcément faite (quoi que vraiment très souvent) par des personnes ayant un désir transgenre.

    Après bon, les études, on ne peut aussi que constater le manque d’impartialité… Il y a plus d’hommes atteint d’autisme que de femmes et pas en petite proportion, c’est donc bien qu’il y a une différence neuronale. Ce n’est pas parce que nous ne l’avons pas encore découverte pleinement qu’elle n’existent. Si nous n’en connaissons pas encore la cause, on ne peut que constater les effets.

    • linda juillet 3, 2016 à 8:03 #

      Fonder une famille n’est pas la condition du bonheur Néo. Vous prenez votre cas pour une généralité. Si votre univers mental est limité à la sexualité fécondante, ne pensez pas que toute l’humanité soit aussi limité intellectuellement et affectivement que vous l’êtes.

      A vos yeux le désir n’est qu’un pilonnage de papa dans maman, mais on peu aussi désiré d’autres choses qu’un défonçage biblique du col de l’utérus. Votre discours est mortel pour les femmes et les LGBT. Ce qui rend la vie des femmes et des LGBT difficile ce sont les gens tels que vous.

      Quant à vos histoires d’études sur la difference et l’autisme, c’est de la pur fumisterie. Personne à part vous n’a prétendu qu’il n’y avait pas de différences entre les mâles et femelles humaines. Aucun féminisme ne revendique de faire accoucher les mâles ou de leur coller des menstruations. Votre stupidité est à la hauteur de votre ignorance. Vous dites que l’autisme à des causes neurologiques parce qu’il y a une difference entre le nombre de cas reconnu chez les garçons et les filles. Vous vous croyez malin, mais l’autisme est sous diagnostiqué chez les filles et les femmes et on en sais très bien la cause. La cause c’est les esprits bornés tel que le votre. Vous dites vous même qu’on ne connait pas la cause de l’autisme mais ca ne vous empêche pas d’affirmer qu’il y aurais une cause neurologique. Comme tous les misogynes homophobes et transphobes tel que vous, vous n’avez aucune logique, tout ce qui vous intéresse c’est de légitimer votre soumission au conditionnement sociale et les discriminations que vous infligez aux femmes et aux personnes LGBT.

    • Néo juillet 6, 2016 à 9:25 #

      C’est un plaisir de vous lire Linda, on voit bien que vous n’avez ni préjugés, ni représentations.
      J’espérais une conversation constructive, dommage.

    • Néo juillet 7, 2016 à 4:50 #

      Une réponse se doit d’être faite, tout de même, du moins sur les points qui émergent, par-ci, par là. « Une famille n’est pas condition de bonheur » mais elle n’est pas non plus condition de malheur, car adopté ou pas, l’enfant ne choisit pas. Il n’est pas question de faire de mon cas une généralité, car figurez vous, que je n’ai pas eu de chance dans ce domaine, vous êtes allé un peu vite en jugement… mais on ne peut en effet faire du cas des familles malheureuse une généralité. Comme si un très fort pourcentage des familles seraient dysfonctionnantes… Bon, il ne me semble pas nécessaire d’aller plus loin^^

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